Les deux navires canadiens sont bel et bien arrivés au large de Jacmel et de Léogâne, mais les Haïtiens qui attendent là depuis une semaine l'aide internationale devront encore patienter.

A peine une cinquantaine de militaires à la fois peuvent quitter chaque navire pour aller à terre livrer de l'aide, a appris La Presse Canadienne. On calcule donc qu'au mieux 120 militaires de ces navires sont présentement sur le terrain à Jacmel et à Léogâne.

Il faut ajouter à ce nombre une partie de l'équipe de secours DART déjà à Port-au-Prince et qui est en route vers cette région. On parle, dans ce cas, de quelques dizaines de militaires.

Quant aux 800 soldats de Valcartier, ils mettront jusqu'à deux semaines pour se déployer dans cette région durement touchée par le séisme de mardi dernier.

Depuis le début de la semaine, le ministre de la Défense Peter MacKay cite le chiffre de 2000 militaires envoyés dans la région de Jacmel où le gouvernement canadien veut concentrer ses efforts. On est encore loin du compte.

En point de presse à Ottawa, mardi matin, le ministre MacKay vantait les efforts de son gouvernement pour l'envoi rapide des militaires canadiens, affirmant que le tout s'est fait «de manière efficace» et «aussi vite que possible».

Il faut dire que ce genre de déploiement n'est pas simple. Par exemple, les véhicules qu'utiliseront éventuellement les militaires de Valcartier quittent le Canada seulement jeudi, à bord de navires. Comme le port de Jacmel est endommagé, on ignore pour l'instant comment ces véhicules arriveront à terre.

Nouvelle aide financière

Par ailleurs, le gouvernement canadien annonce de nouvelles aides financières: 60 millions $ seront versés à l'ONU, dont la majeure partie servira au Programme alimentaire mondial, 11,5 millions $ iront à des ONG canadiennes, dont le CECI et OXFAM-Québec, et 8,5 millions $ sont offerts à la Croix-Rouge internationale.

Ottawa calcule que cela portera l'aide canadienne annoncée à 135 millions $.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, veut déjà planifier le long terme. Au même point de presse que son collègue MacKay, il a soutenu que la réunion des ministres des Affaires étrangères qu'il présidera lundi, à Montréal, est cruciale. «Le rôle des ministres des Affaires étrangères est souvent de regarder au-delà des opérations à court terme qui se déroulent», a-t-il fait remarquer avant de reprendre les mots du premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive: «Nous devons bâtir un nouvel Haïti».

Près de 700 Canadiens disparus



Ottawa n'a toujours pas retracé 665 de ses ressortissants alors qu'on confirme la mort de 13 citoyens canadiens dans le séisme de mardi.

En quittant Rideau Hall où il venait d'annoncer un remaniement ministériel, le premier ministre Stephen Harper a offert condoléances et espoir. «Les efforts pour retrouver les citoyens canadiens se poursuivent», a-t-il assuré avant de déplorer à nouveau la mort de quatre employés du gouvernement fédéral. Deux agents de la GRC, Mark Gallagher et Doug Coates, et deux employés de l'ACDI, Hélène Rivard et Guillaume Siemienski, sont parmi les 13 victimes canadiennes.

Au moins 10 des Canadiens dont on est sans nouvelles sont probablement dans les débris de l'Hôtel Montana, à Port-au-Prince. Les recherches se poursuivaient mardi sur ce site. Mais l'espoir d'y retrouver encore quelqu'un vivant diminue, sept jours après la catastrophe.

Sur une page Web créée pour les amis et les familles des gens disparus à cet hôtel, on trouvait mardi après-midi des cris de désespoir et des prières touchantes. «Je cherche encore la meilleure des mères: Anne Labelle. Elle doit être au Montana et je prie maintenant pour un miracle!», pouvait-on lire.

Anne Labelle et Anne Chabot sont deux fonctionnaires de Québec qui ont atterri à Port-au-Prince deux heures à peine avant le tremblement de terre mardi dernier. On les croit toutes deux coincées sous les décombres de l'Hôtel Montana. Selon certaines informations, l'ancien député Serge Marcil pourrait aussi se trouver au même endroit.

Jusqu'à maintenant, Ottawa a rapatrié 1200 des 1600 Canadiens qu'on a retracés depuis une semaine. Mardi matin, il restait 55 Canadiens réfugiés à l'ambassade de Port-au-Prince, attendant d'être ramenés au pays.