Six jours après le séisme dévastateur qui a frappé Haïti, les organisations internationales mettaient les bouchées doubles lundi pour venir en aide aux centaines de milliers de sinistrés.

«L'aide commence petit à petit à se mettre en place. On accélère la cadence», a souligné un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Elisabeth Byrs. Environ 105 000 rations de vivres ont été distribuées tandis qu'un premier camp va pouvoir accueillir 100 000 sans-abri. La «situation est catastrophique» et les pillages se multiplient, a cependant averti le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

«L'accès à des abris, à l'eau potable, à des sanitaires, aux soins médicaux reste extrêmement limité», a précisé le CICR. Le Mouvement de la Croix-Rouge «redouble d'efforts»: 400 travailleurs et 77 tonnes d'aide ont été acheminés depuis le séisme du 12 janvier.

«La population est à bout», a reconnu Mme Byrs, selon laquelle «la situation est tendue mais calme» : «on est en train d'atteindre tous les quartiers de Port-au-Prince, mais il faut être conscient du temps que ça va prendre».

L'aide commençait ainsi à arriver à Gressier, Léogâne, Petit Goâve et Grand Goâve, des villes situées à l'ouest de Port-au-Prince durement frappées, mais que les travailleurs humanitaires n'avaient pas encore réussi à atteindre.

Alors que les «fonctionnaires ont été décimés» et 50% des policiers sont morts ou portés disparus, les autorités haïtiennes recommencent «à prendre les choses en main» et assistent aux réunions de coordination de l'aide, a-t-elle assuré.

Au total 105.000 rations d'aide alimentaire, permettant à une personne de se nourrir pendant une semaine, ont été distribuées par le Programme alimentaire mondial (PAM) depuis que le séisme a ravagé Haïti le 12 janvier. Lundi, 95 000 rations supplémentaires devaient être distribuées.

L'Organisation internationale des migrations (OIM) a par ailleurs repéré un terrain à Croix-des-Bouquets, à 13 kilomètres au nord-est de Port-au-Prince, pour y abriter «environ 100 000 personnes déplacées afin d'éloigner les gens des zones les plus dangereuses».

Ce site, qui doit être aménagé «dans les plus brefs délais», permettrait de concentrer en un seul lieu une part importante de la population nécessitant de l'aide, aujourd'hui disséminée dans la capitale, et de canaliser les nombreux convois humanitaires, selon un porte-parole de l'OIM, Jean-Philippe Chauzy.

L'OIM prévoit de fournir des abris à 200 000 familles, soit un million de personnes environ, et estime avoir besoin de 20 000 tentes, dont 3 000 à 4 000 sont déjà en Haïti.

Au moins trois millions de personnes ont été touchées par le séisme de magnitude 7 qui s'est produit en Haïti, faisant au moins 70 000 morts, selon les autorités haïtiennes.

Les défis logistiques restaient nombreux lundi en raison de la destruction du port, «qui a ralenti les secours», selon Mme Byrs, et de l'engorgement de l'aéroport de Port-au-Prince.

Malgré une livraison de 38 000 litres de carburant dimanche depuis la République dominicaine voisine, les prix de l'essence montent en flèche. À cela s'ajoutent les embouteillages gigantesques.

Les convois humanitaires mettent ainsi 18 heures pour parcourir les 300 km de route de Saint-Domingue, où il est plus facile d'atterrir, à Port-au-Prince, selon l'OCHA.

Alors que de nombreux pays se sont engagés à fournir des dons pour Haïti, l'ONU avait reçu lundi 51 millions de dollars (35,5 millions d'euros) sur ses comptes, soit 9% d'un appel de fonds de 575 millions de dollars (bien 575, soit 400 millions d'euros) lancé vendredi.