C'est la cohue autour des stations d'essence visitées hier dans Port-au-Prince, presque à sec depuis le tremblement de terre qui a ravagé le pays.

La tension grimpe autour des pompes, où les files de véhicules et de gens s'étirent chaque jour un peu plus. Plusieurs personnes ont garé leur voiture autour des stations-services - devenues de véritables stationnements - et les chauffeurs se relaient en espérant que l'essence coule à nouveau. Les files d'attente serpentent jusque dans les rues.

 

À une station Texaco, les gens se bousculent autour des pompes, avec toutes sortes de contenants en plastique en main.

Même les énormes camions utilisés pour approvisionner les sinistrés en eau font la queue, immobiles.

Les véhicules de la police nationale semblent les seuls à pouvoir mettre de l'essence, un privilège qui fait rager les gens, condamnés à prendre leur mal en patience et à espérer. «Ça fait plusieurs heures que j'attends, mais personne ne sait si l'essence va revenir. C'est le travail du gouvernement de s'occuper de ça, mais il n'y a pas de gouvernement pour l'instant», peste Menmenyo, 26 ans.

Pour continuer à se déplacer, de plus en plus de gens doivent se ravitailler sur le marché noir. «Mais c'est beaucoup plus cher! Dans la rue, un gallon coûte 150 dollars haïtiens, contre 40 à la pompe», illustre Menmenyo, qui, comme plusieurs, n'a pas les moyens de s'approvisionner sur le marché noir. «Il y a beaucoup de colère. On tente de rester calme, mais la tension monte quand les policiers font le plein devant nous», ajoute le jeune homme.

Quelques minutes plus tard, quelques pompes commencent à distribuer de l'essence, sous haute surveillance policière. D'un seul coup, la foule se resserre autour du pistolet à essence et les clameurs s'élèvent.

Mais de toute évidence, la plupart des gens ne pourront mettre la main sur l'essence tant convoitée.

Et les voitures sont chaque jour de moins en moins nombreuses à sillonner les routes.