Enveloppés dans des couvertures, le visage trahissant l'expérience traumatisante vécue, d'autres ressortissants canadiens évacués d'Haïti sont rentrés au pays, tard samedi.

Epuisées, les quelque 300 personnes sont arrivées à l'Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal à bord d'un avion des Forces canadiennes et d'un appareil d'Air Canada samedi et dimanche. Elles se sont ensuite rendues dans un hôtel où des proches, anxieux mais soulagés, les attendaient.

Certains rescapés du séisme qui a dévasté mardi dernier la capitale haïtienne, Port-au-Prince, devaient se déplacer en fauteuil roulant et quelques-uns ont même été menés sur des civières vers des ambulances.

D'autres, la voix tremblante, racontaient les terribles événements des derniers jours.

«C'était horrible», a indiqué Marie Jennot, qui rendait visite à de la famille à Port-au-Prince au moment du tremblement de terre.

«Il y a eu des choses que je n'avais jamais vues avant, que je ne pensais jamais voir un jour», a-t-elle ajouté.

Emue, Mme Jennot s'est rappelée la terreur et le sentiment d'impuissance qui l'habitaient lorsque les répliques sismiques secouaient la ville, tandis que des gens demeuraient prisonniers dans leurs maisons effondrées.

«Il n'y a aucun moyen de communiquer, il n'y a pas de téléphones, pas d'eau potable, pas d'électricité», a déploré Mme Jennot, ajoutant que l'aide internationale commençait à peine à arriver sur place.

Un avion transportant un autre groupe d'évacués en provenance de Port-au-Prince est arrivé à Montréal, dimanche après-midi. D'autres étaient attendus par des vols censés arriver à 00 h 40 et à 5 h 00 lundi, selon des précisions fournies par Service Québec.

Au total, plus de 700 Canadiens ont été évacués.

Patrick Chevalier, qui est arrivé au Canada en compagnie d'une centaine d'autres évacués dimanche matin, s'est dit heureux de rentrer à la maison.

Maintenant, il s'inquiète pour sa famille, qu'il a laissée derrière lui, et est hanté par les images de destructions qu'il a vues à Port-au-Prince.

«Il y avait une école, pas très loin de ma maison, qui comptait huit étages. Après le tremblement de terre, l'école s'est écrasée au sol, et les débris s'élevaient à un mètre. Il y avait des élèves en-dessous. Et après deux ou trois jours, vous commencez à sentir les corps», a-t-il relaté.

Un travailleur humanitaire, Lucien Francoeur, a confié que les sentiments parmi les évacués étaient aigres-doux. Ils étaient soulagés d'être sains et saufs, mais anxieux pour les gens qui sont demeurés à Haïti.

«Les passagers dans l'avion avaient l'impression de les abandonner à leur sort. Nous n'avions pas le choix. Nous devions revenir. Mais nous étions allés là-bas pour les aider.»

Certains ont choisi de rester sur place et d'aider autant que possible.

Ian Jeudy, un étudiant montréalais au nombre des évacués rentrés samedi, a indiqué que ses parents étaient demeurés en Haïti pour prendre part aux opérations de secours.

«Ils sont médecins, ils essaient d'aider les gens. S'ils peuvent faire quelque chose, ils vont essayer de le faire. Tout est détruit dans le pays. Je suis vraiment reconnaissant envers les gens qui sont venus nous aider.»

Des secouristes de la Canadian Search and Disaster Dogs Association se trouvaient aussi parmi les évacués rentrés au pays.

«C'est probablement l'un des pires cas de dévastation qu'il nous ait été donné de voir», a affirmé Sylvie Montier, originaire d'Edmonton, qui a passé deux jours en Haïti.

Plus de 115 soldats canadiens se trouvent actuellement en Haïti. Quelque 1000 militaires de plus doivent s'y rendre sous peu pour assurer le maintien de la paix et prendre part à la distribution de l'aide.

Huit Canadiens ont perdu la vie en Haïti et 1115 autres manquaient à l'appel, selon les chiffres dévoilés par le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, dimanche.

Le nombre de morts estimé par les autorités haïtiennes est maintenant de 50 000 à 100 000. Pas moins de trois millions de survivants ont désespérément besoin de nourriture, d'eau potable, de médicaments et d'un toit.