Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, évalue les moyens de faciliter la venue au Canada d'Haïtiens à titre d'immigrants ou de réfugiés, à la suite du séisme dévastateur ayant frappé le pays.

Ces options incluent l'élimination des frais d'examen des demandes, l'accélération des procédures pour les réunifications familiales, et peut-être même l'assouplissement des critères concernant les proches qui pourraient être réunis.

«Le ministre Kenney a été appelé par le premier ministre à étudier rapidement toutes les options autour des visas, de la réunification des familles et des réfugiés», a indiqué le porte-parole, Alykhan Velshi.

M. Kenney a discuté jeudi avec des responsables fédéraux et provinciaux pour cerner les différentes approches.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a précisé qu'Ottawa travaillait étroitement avec la ministre québécoise de l'Immigration, Yolande James, pour s'assurer que les deux ordres de gouvernement sont sur la même longueur d'onde. Le Québec est la destination principale des immigrants haïtiens au Canada, et Montréal compte l'une des plus importantes communautés haïtiennes vivant à l'étranger.

L'année dernière, Ottawa avait réagi promptement aux crises humanitaires au Sri Lanka et aux Philippines en accélérant le traitement des demandes de réunification familiale. La modification des procédures avait permis à environ 1600 Sri-Lankais et 400 Philippins de rejoindre leurs familles plus rapidement, selon le ministère de l'Immigration.

La professeure de droit à l'université d'Ottawa, Nicole LaViolette, a dit croire qu'Ottawa pouvait sans problème accélérer le traitement des demandes de la communauté haïtienne. Elle a souligné la pertinence d'éliminer les frais administratifs, étant donné l'extrême pauvreté d'Haïti.

Mais simplement accélérer le processus ne signifiera pas nécessairement que davantage d'Haïtiens se qualifieront pour venir au Canada, a averti la professeure de droit à l'Université de Toronto Audrey Macklin. «Notre système d'immigration complique sérieusement la venue de gens de pays pauvres, a-t-elle fait valoir. Vous vous butez à une bureaucratie mise en place pour prévenir leur venue.»

Afin de s'assurer que les Haïtiens profitent des changements apportés par Ottawa, les responsables devraient aussi réduire les exigences de preuve de liens familiaux et d'état de santé, particulièrement pour les requérants comptant sur des Canadiens prêts à s'occuper d'eux.

C'est également l'avis de la porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d'immigration, Olivia Chow, qui a souligné qu'une telle souplesse ne nécessiterait aucune modification législative.

Ottawa considère aussi suspendre pour l'instant les avis de déportation pesant sur des Haïtiens déjà en sol canadien.

Mercredi, le ministre français de l'Immigration et de l'Identité nationale, Éric Besson, a ordonné la suspension des expulsions de ressortissants haïtiens en situation irrégulière vers leur pays d'origine.