Ottawa a débloqué des fonds, envoie l'armée et organise une réponse humanitaire et consulaire pour venir en aide à Haïti et aux Canadiens qui s'y trouvent.

Parti tôt mercredi, un avion militaire de type Hercules (C-130) s'est posé en fin d'après-midi à l'aéroport de Port-au-Prince. Il amenait une équipe de reconnaissance qui doit rapidement évaluer les besoins en équipement, en soutien médical ou autres.

Un plus gros porteur, un C-17, devait décoller à 4 h ce matin avec à son bord l'essentiel de l'équipe d'intervention en cas de catastrophe des forces canadiennes, le DART. Les quelque 200 militaires qui la composent sont formés pour se déployer très rapidement sur les lieux d'une catastrophe, où ils peuvent fournir de l'aide médicale et humanitaire. Le DART est notamment muni d'équipements qui permettent de purifier de l'eau contaminée pour la rendre potable.

Un autre avion Hercules et deux frégates devraient aussi partir aujourd'hui en direction du petit pays des Caraïbes. Ils pourraient au besoin servir à l'évacuation de ressortissants canadiens, a indiqué mercredi le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay.

Ottawa a de plus débloqué 5 millions de dollars en fonds d'urgence par le truchement de l'Agence de coopération et de développement international (ACDI). La ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, a fait l'annonce de cette «aide préliminaire» par téléconférence, mercredi, alors qu'elle se trouvait en mission en Bolivie.

L'argent ira aux organisations non gouvernementales sur le terrain, dont la Croix-Rouge canadienne, pour qu'elles puissent répondre aux besoins les plus pressants - eau, nourriture, abris d'urgence et services médicaux.

«Une des initiatives que nous soutiendrons, par l'entremise de la Croix-Rouge canadienne, est la mise sur pied d'un hôpital de campagne, en collaboration avec le gouvernement norvégien», a expliqué la ministre Oda.

L'hôpital devrait compter entre 120 et 150 lits. La Norvège croit pouvoir y traiter jusqu'à 250 000 personnes dans les prochaines semaines.

Ces 5 millions de dollars constituent un premier pas. Ottawa évaluera ensuite avec le gouvernement haïtien et ses partenaires comment le Canada pourra aider davantage, a dit la ministre.

«L'expérience du tsunami (en 2004) a appris à la communauté internationale qu'il est important de se coordonner pour déployer l'équipement nécessaire en quantité suffisante», a ajouté le ministre Oda. Haïti est le deuxième bénéficiaire en importance de l'aide du Canada aux pays en développement.

En matinée, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, qui suit la situation de près, a fait le point sur la situation des ressortissants canadiens en Haïti, mais il n'avait que des informations très fragmentaires.

«Notre ambassade à Port-au-Prince a confirmé que les 24 employés Canadiens sont en sécurité et que d'autres Canadiens, à ce jour 80, sont réfugiés sur les terrains de l'ambassade et reçoive des services essentiels», a dit M. Cannon.

L'immeuble a été évacué, mais les employés ont mis sur pied une petite cellule de crise à l'extérieur et fournissent les services de base : nourriture, eau, abris de fortune, premiers soins.

Quelque 6000 Canadiens vivent et travaillent en Haïti, selon le ministre des Affaires étrangères. Seuls 700 d'entre eux sont toutefois inscrits sur la liste volontaire de l'ambassade du Canada en Haïti.

En après-midi, le bureau de M. Cannon a confirmé qu'il y aurait des victimes canadiennes parmi les morts, mais sans en préciser le nombre ou l'identité. Ottawa invite ses ressortissants à communiquer, si possible, avec l'ambassade ou avec le centre des opérations d'urgence du ministère des Affaires étrangères.

L'ensemble des têtes dirigeantes du pays - militaires, diplomatiques et politiques - se sont réunies mercredi après-midi au siège du ministère des Affaires étrangères, à Ottawa, pour une mise à jour de la situation.

«C'est un désastre aux proportions immenses, a dit le premier ministre Stephen Harper. C'est un pays dans lequel il y a déjà trop de problèmes.»

M. Harper a par la suite joint par téléphone le président américain, Barack Obama, pour coordonner avec les États-Unis l'aide à apporter à Haïti.

- Avec Joël-Denis Bellavance et Hugo De Grandpré