Recueillis en de multiples veillées, des milliers de Chiliens ont commémoré dans la nuit de samedi à dimanche le terrible séisme et le tsunami qui il y a un an ont dévasté ses régions centre-sud, faisant 555 morts et disparus, 220 000 familles sans toit.

À Cobquecura, village épicentre du séisme, sur les localités du littoral Dichato, Constitucion, dans la grande ville de Concepcion, des familles, des voisins, des membres du gouvernement, se sont retrouvés autour de bougies, pour des prières, une messe, ou un recueillement en musique.

Dans ces cérémonies, retransmises en direct par la télévision, un silence total s'est fait pour une minute à 03H34 GMT (06H34 GMT), l'heure précise du tremblement de terre de magnitude 8,8, «le cinquième le plus fort enregistré dans l'histoire», a rappelé le président Sebastian Pinera à Cobquecura, à 500 km de Santiago.

«2010 aura été une année très dure, que nous n'oublierons jamais, mais aussi une année très féconde», a déclaré M. Pinera, rappelant le séisme survenu l'année du Bicentenaire du Chili, mais aussi «la solidarité, l'union» montrées par les Chiliens envers les sinistrés, ou lors du sauvetage de 33 mineurs en octobre.

«Nous avons vu de la douleur, mais nous avons aussi vu de la grandeur», a-t-il déclaré.

À Dichato, qui fut rasée à 75% par les vagues de tsunami, les habitants se sont rassemblés sur le littoral face à la mer meurtrière, où un mémorial a été érigé par la population elle-même.

À Constitucion, des bougies flottantes ont été déposées sur la mer, en souvenir de la quarantaine de victimes locales.

À Concepcion, ville la plus frappée par le séisme proprement dit, la veillée s'est tenue autour d'un immeuble de 14 étages encore à terre, un an après.

Cet édifice, dans lequel les secours s'acharnèrent une semaine en quête de survivants, devint un des emblèmes de la catastrophe.

Un an après, quelque 4300 familles chiliennes vivent encore dans des préfabriqués d'urgence fournis par l'État, dont 3000 à Dichato.

Sur les 220 000 logements détruits ou sinistrés il y a un an, 61% ont été reconstruits, réparés ou ont reçu la subvention pour le faire, assure l'État. Le reste devrait prendre un à deux ans.

Les retards de la reconstruction ont provoqué une manifestation de 2000 personnes samedi à Concepcion, à l'appel d'organisations de voisinage, de syndicats.

«Beaucoup de compatriotes restent sinistrés, le gouvernement ne les a pas oubliés une seconde», a assuré le président Pinera. «Il fait tout ce qui est humainement possible pour reconstruire pierre par pierre, brique par brique».

M. Pinera a récemment indiqué que la reconstruction durerait jusqu'en 2014.

L'opposition, dénonçant «un show» médiatique du gouvernement, a boudé des invitations officielles, se joignant à des rassemblements d'habitants.

«Il ne faut pas cesser d'écouter les gens», a lancé Carolina Toha, dirigeante sociale-démocrate d'opposition. «Il y a abondance de ressources pour la reconstruction, mais elle ne peut se faire sans être à l'écoute des sinistrés».

Le ministre de l'Intérieur Rodrigo Hinzpeter a dénoncé le synchronisme des critiques.

«Hier on discutait de la reconstruction, demain on reparlera de la reconstruction. Mais cette nuit, on se souvient la mort de plus de 500 compatriotes».

La catastrophe a officiellement causé 30 milliards de dollars de dégâts.

Toutefois, l'économie du Chili, qui s'était contractée de 2,8% dans le mois suivant le séisme, a récupéré au-delà des espérances, finissant 2010 à 5,2% de croissance.