L'empereur du Japon s'est rendu mercredi pour la première fois dans la préfecture de Fukushima pour rencontrer des réfugiés, deux mois jour pour jour après le séisme et le tsunami qui ont provoqué le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl il y a 25 ans.

Chef de l'État et symbole de l'unité du peuple japonais, Akihito a visité, au côté de son épouse l'impératrice Michiko, un centre d'évacuation près de la ville de Fukushima, à quelque 60 km de la centrale Fukushima Daiichi (Fukushima N°1).

Le couple impérial a tenté d'y réconforter quelque 600 réfugiés, partis précipitamment de leurs maisons situées à proximité des réacteurs à cause des fuites radioactives. «Comment allez-vous ? Prenez soin de votre santé !», a lancé l'empereur à plusieurs d'entre eux.

Kikue Shoji, 77 ans, a serré les mains de l'impératrice, revêtue d'une veste gris pâle, et lui a glissé qu'elles étaient nées la même année, en 1934.

«Je ne peux rien faire d'autre que continuer à vivre dans ce refuge. Aussi, je n'aurais jamais imaginé pouvoir apercevoir leurs majestés», a expliqué, émue, Mme Shoji.

Akihito et Michiko s'étaient déjà rendus dans d'autres régions au chevet des populations affectées par le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant qui ont dévasté le nord-est de l'archipel le 11 mars, faisant 14.949 morts et 9.880 disparus selon le dernier bilan officiel.

Mais il s'agissait de leur première visite aux victimes directes de l'accident nucléaire qui a provoqué à lui seul l'évacuation de 85.000 personnes vivant dans les environs.

Sinistrés du tsunami compris, près de 100.000 habitants de la préfecture de Fukushima sont contraints de loger hors de chez eux, dont 60.000 dans des refuges comme des écoles ou des gymnases.

Mais le maire de Fukushima, Takanori Seto, a jugé que cette visite impériale avait réchauffé les coeurs.

«Les réfugiés souffrent beaucoup. Ils veulent rentrer chez eux. Mais face à leurs majestés, ils ont dit +Nous allons bien+. Cela m'a touché», a-t-il raconté.

Le maire a toutefois souligné que ces personnes évacuées s'inquiétaient pour leur avenir. «La centrale nucléaire doit être stabilisée dès que possible», a-t-il lancé, appelant à la création d'un institut médical à Fukushima pour étudier les effets sanitaires à long terme de la radioactivité.

L'opérateur de la centrale, Tepco Electric Power (Tepco), estime pouvoir réduire les radiations à partir de juillet et parvenir à un «arrêt à froid» des réacteurs d'ici au mois de janvier 2012.

Les autorités n'ont toutefois pas dit aux réfugiés quand ils pourraient rentrer chez eux. Une zone de 20 km de rayon autour du site nucléaire est même interdite à la population, sauf pour de courtes visites groupées avec équipement de protection pour récupérer quelques affaires.

Tepco s'est pour l'heure engagé à verser un acompte d'un million de yens (8.500 euros) par foyer évacué et a précisé mercredi qu'il octroierait des compensations à toutes les personnes affectées.

Cette compagnie d'électricité desservant entre autre la mégapole de Tokyo pourrait annoncer une perte nette de près de 9 milliards d'euros pour l'année budgétaire achevée en mars 2011 à cause de l'accident nucléaire, selon le quotidien économique Nikkei

L'entreprise a officiellement demandé mardi l'aide financière de l'État.

Une autre compagnie d'électricité, Chubu Electric Power, va commencer dès jeudi à stopper ses réacteurs de la centrale de Hamaoka, selon la presse. Elle a accédé lundi à une demande en ce sens du Premier ministre, Naoto Kan, qui s'inquiétait des risques pour la population dans cette région à forte activité sismique du centre du Japon.