Pour la première fois depuis l'accident nucléaire de la centrale japonaise Fukushima Daiichi, des ouvriers ont pénétré, munis de combinaisons de protection et de bouteilles d'oxygène, dans le bâtiment d'un réacteur endommagé.

Tokyo Electric Power (Tepco), opérateur de cette centrale située à 250 km au nord-est de Tokyo, estime pouvoir parvenir au refroidissement des réacteurs d'ici janvier 2012 au plus tard.

Deux ouvriers ont pénétré jeudi matin dans le bâtiment du réacteur N°1 pour installer un système de ventilation afin d'y faire baisser le niveau de radioactivité, ce qui devrait faciliter par la suite les travaux de réparation. Ils ont été suivis par une dizaine d'autres personnes.

«Nous envoyons les travailleurs par petits groupes pendant une durée maximum de dix minutes pour limiter la durée d'exposition aux radiations», a expliqué Satoshi Watanabe, porte-parole de Tepco.

«Les opérations se sont bien passées aujourd'hui, sans accroc majeur», a déclaré un peu plus tard Taisuke Tomikawa, un autre porte-parole de la compagnie d'électricité japonaise.

«Les radiations auxquelles les travailleurs ont été exposés étaient plus faibles que ce à quoi nous nous attendions», a-t-il ajouté.

«Nous avons l'intention de faire fonctionner le système de nettoyage de l'air pendant quelques jours afin de réduire le niveau des radiations à environ un vingtième de ce qu'elles sont aujourd'hui à l'intérieur du bâtiment», a-t-il ajouté.

La limite légale de radiations autorisées pour les travailleurs du nucléaire en temps de crise a été relevée à 250 millisieverts par an depuis l'accident de Fukushima, contre 100 auparavant.

Les circuits de refroidissement de la centrale ont été endommagés par le séisme et le tsunami du 11 mars qui ont dévasté le nord-est de l'archipel et fait, selon le dernier bilan officiel, 14.785 morts et 10.271 disparus.

Quelque 80.000 personnes ont été évacuées d'une zone de 20 km autour de la centrale pour éviter d'être exposées à des radiations trop importantes.

Près de deux mois après le séisme, la frustration demeure vive chez les habitants qui ont tout perdu dans cet accident nucléaire classé au niveau 7 - le degré maximal sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES).

Venu présenter ses excuses dans un centre d'évacuation temporaire situé non loin de la centrale, le PDG de Tepco, Masataka Shimizu, a été vivement pris à partie mercredi par plusieurs personnes qui lui ont notamment reproché un manque de transparence.

«Je m'excuse de tout mon coeur. Nous ferons tout notre possible pour que vous puissiez rentrer chez vous», a-t-il répondu, agenouillé devant les réfugiés.

De son côté, le Premier ministre Naoto Kan a indiqué que le gouvernement se prononcerait début 2012 sur un éventuel retour des personnes évacuées dans leur habitation d'origine.

«Si les travaux avancent comme prévu, nous devrions avoir une situation relativement stable en début d'année prochaine. À ce moment-là, nous déterminerons si les personnes évacuées peuvent rentrer chez elles en prenant en compte les mesures (de radiation)», a-t-il expliqué.

Située au bord de l'océan Pacifique, Fukushima Daiichi est l'une des plus anciennes centrales du Japon, son premier réacteur ayant été construit au début des années 1970.