Le Japon a annoncé samedi avoir mesuré des niveaux d'iode radioactif 1250 fois supérieurs à la norme légale en mer près de la centrale en péril de Fukushima, renforçant les craintes d'une rupture de l'étanchéité d'un ou plusieurs réacteurs.

Cette forte concentration aggrave les risques de contamination des produits de la mer dont raffolent les Japonais.

«De l'eau hautement radioactive s'écoule dans les bâtiments puis retourne en mer, ce qui est préoccupant pour les poissons et végétaux marins», a déclaré à l'AFP Olivier Isnard, expert de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

«Si vous buvez 50 centilitres d'eau courante avec cette concentration d'iode, vous atteignez d'un coup la limite annuelle que vous pouvez absorber», a expliqué un porte-parole de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire.

Il a toutefois ajouté que, si la radioactivité relâchée dans l'océan se diluait avec les marées, la quantité absorbée par les algues et animaux marins pourrait être moindre.

La compagnie d'électricité gérant le site, Tokyo Electric Power (Tepco), a en outre mesuré une concentration presque 80 fois supérieure à la limite légale de césium 137, un radio-élément nocif.

Mardi, un taux d'iode radioactif avait été détecté à un niveau 126 fois supérieur à la limite fixée par le gouvernement dans l'océan Pacifique.

Les pouvoirs publics nippons avaient alors annoncé un renforcement des contrôles sur les poissons et fruits de mer pêchés le long des côtes.

Un niveau anormalement élevé de radioactivité a été détecté dans une laitue à feuille rouge, dernier légume d'une liste préoccupant les consommateurs nippons, mais à un taux sans danger pour la santé, a indiqué samedi le gouvernement.

Greenpeace a annoncé samedi qu'elle allait effectuer des relevés de radioactivité en dehors de la zone d'exclusion de 20 km autour de la centrale, dont le premier réacteur, hasard du calendrier, a célébré ce même jour son quarantième anniversaire.

Depuis le début de la crise, «les autorités ont en permanence donné l'impression de sous-estimer à la fois les risques et l'étendue de la contamination radioactive», a affirmé l'organisation écologiste.

Pour éviter une détérioration désastreuse de la situation à Fukushima, les techniciens, pompiers et militaires déployés sur place jour et nuit doivent absolument parvenir à faire baisser la température des réacteurs. Le Japon fait face à sa pire catastrophe depuis la 2e Guerre mondiale.

Cela impose la remise en marche du circuit de refroidissement, mis hors service par le séisme et le tsunami qui ont frappé la région le 11 mars, y faisant 10 418 morts et 17 072 disparus selon un dernier bilan.

Mais les opérations sont fréquemment entravées par des pics de radioactivité et des difficultés techniques, dans un danger permanent dû aux rayonnements.

Tepco a indiqué samedi avoir découvert une nouvelle quantité d'eau fortement radioactive au sous-sol du bâtiment de la turbine du réacteur numéro 1, faisant craindre un retard supplémentaire.

«Il se pourrait que de l'eau de la cuve du réacteur ait fui par des tuyaux ou des valves endommagés reliant (le réacteur) au bâtiment de la turbine», a estimé un responsable de l'agence de sûreté nucléaire.

De l'eau montant jusqu'à un mètre a également été découverte dans le sous-sol des bâtiments de la turbine des réacteurs 2 et 4, imposant des analyses pour vérifier si elle est polluée, a-t-il poursuivi.

«Il devient capital de se débarrasser rapidement de ces flaques», a insisté Hidehiko Nishiyama, un autre responsable de cette agence qui a promis de mieux surveiller les travaux d'urgence effectués par Tepco. Des opérations de pompage se sont déroulées samedi, sans que l'on connaisse leur résultat.

Trois ouvriers, chaussés seulement de bottines en caoutchouc, ont été contaminés jeudi par une flaque d'eau très fortement radioactive. Deux ont dû être hospitalisés avec des brûlures aux pieds.

«Je pense que nous avons empêché la situation actuelle d'empirer», a assuré samedi Yukio Edano, porte-parole du gouvernement.