La pluie s'est abattue lundi sur le Japon, perturbant les opérations de secours et renforçant l'inquiétude de la population vis-à-vis des retombées radioactives, alors que les techniciens luttaient toujours pour rétablir l'électricité à la centrale de Fukushima.

Le gouvernement a affirmé que le niveau de radioactivité présent dans la pluie, l'eau du robinet, ou dans certains aliments autour de la centrale endommagée par le séisme et le tsunami ne posait aucun risque pour la santé.

Mais les habitants des préfectures situées au sud de la centrale de Fukushima Daiichi (N°1) et du grand Tokyo -- la plus grande mégapole du monde peuplée de 35 millions de personnes -- restaient toutefois sur leurs gardes lundi, en raison d'un vent défavorable poussant vers le sud les émanations radioactives des réacteurs accidentés.

Sur la côte Pacifique du nord-est, dévastée par un énorme séisme de magnitude 9 et par un tsunami de plusieurs mètres de haut, les sauveteurs poursuivaient leurs efforts, malgré la pluie, pour tenter de retrouver des survivants, bien que les espoirs soient quasiment nuls dix jours après la catastrophe.

Le bilan, toujours provisoire, est de plus de 21 500 morts et disparus, dont 8649 décès confirmés par la police.

«Nous ne pouvons pas faire voler d'hélicoptères sous la pluie. Nous avions prévu de poursuivre les recherches près des côtes mais avons dû annuler jusqu'à demain, voire plus tard», a expliqué Kiyohiro Tokairin, un responsable de la préfecture de Miyagi, la plus touchée par la catastrophe.

Pour les mêmes raisons, le Premier ministre Naoto Kan a dû annuler une visite dans la ville meurtrie d'Ishinomaki, où ont été miraculeusement retrouvés dimanche une femme de 80 ans et son petit-fils de 16 ans, après neuf jours passés sous les décombres.

M. Kan devait se rendre à proximité de la centrale de Fukushima Daiichi, afin d'y rencontrer le personnel qui s'efforce depuis plus d'une semaine de reprendre le contrôle de six réacteurs nucléaires endommagés par une série d'explosions et d'incendies.

Les soldats et les pompiers ont utilisé à nouveau lundi matin les canons à eau pour refroidir les réacteurs et éviter que des quantités importantes de radioactivité soient diffusées dans l'atmosphère.

Le réacteur 3 est le centre de toutes les attentions car il a été gravement endommagé par une explosion qui a détruit la partie supérieure du bâtiment, qui se trouve exposé à l'air libre. Il est en outre chargé de combustible MOX, un mélange d'oxydes d'uranium et de plutonium dont les rejets sont particulièrement nocifs.

Les techniciens sur place dans la centrale tentaient toujours lundi de rétablir l'alimentation électrique sur les réacteurs qui permettrait de remettre en marche les pompes du système de refroidissement.

Un câble à haute tension a été connecté au réacteur 2, mais les équipements existants doivent être soigneusement testés avant de les alimenter en courant. Selon la télévision publique NHK, ces vérifications pourraient encore prendre deux à trois jours.

L'opération «va prendre plus de temps. Nous ne savons pas quand nous pourrons essayer de rétablir le système», a confirmé Naohiro Omura, porte-parole de Tepco.

Le gouvernement a annoncé que Fukushima Daiichi serait définitivement fermée après le règlement de la crise.

Selon le journal Asahi Shimbun, l'opérateur privé Tokyo Electric Power (Tepco) prévoit qu'il faudra une dizaine d'années avant de démanteler complètement la centrale, en raison du niveau élevé des radiations.

Sept secouristes de Fukushima ont déjà été exposés à des niveaux de radiations supérieurs à 100 millisieverts, le seuil à partir duquel augmente le risque de développer un cancer plus tard.

Un niveau d'iode radioactif plus de trois fois supérieur à la limite légale a par ailleurs été relevé lundi dans l'eau d'un village situé à 40 km de la centrale.

«Il n'y a pas d'effet immédiat pour la santé si l'eau est consommée sur une courte période», a déclaré un responsable du ministère de la Santé, Shogo Misawa. «Mais par précaution, nous recommandons aux habitants de s'abstenir de la boire».

A l'extérieur de la zone d'exclusion de 20 km autour de la centrale, des teneurs en substances radioactives ont déjà été relevées dans du lait, des épinards et d'autres végétaux.

Les autorités ont multiplié les déclarations rassurantes et appelé les Japonais, très préoccupés par les questions de qualité alimentaire, à garder leur calme.

Par ailleurs, des traces radioactives ont été décelées dimanche à Taïwan sur des fèves importées du Japon, mais les teneurs en césium 137 et en iode 131 mesurées sont bien inférieures aux niveaux autorisés.