Les autorités japonaises étaient engagées vendredi dans une course contre la montre pour tenter de refroidir les réacteurs de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, une semaine après le séisme et le tsunami qui ont fait plus de 6 500 morts confirmés.

«Refroidir les réacteurs est très important, c'est une course contre la montre», a déclaré le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Yukiya Amano, venu spécialement à Tokyo.

La priorité reste le réacteur 3, sur lequel plusieurs camions citernes équipés de canon à eau ont déversé des dizaines de tonnes d'eau afin d'empêcher les barres de combustible d'entrer en fusion et éviter ainsi un accident nucléaire majeur.

Dans ce réacteur dont la structure externe a été détruite par une explosion d'hydrogène, la piscine de stockage du combustible usagé, située hors de l'enceinte de confinement, a été endommagée.

Les opérations visent aussi à refroidir les réacteurs 1, 2 et 4 ainsi que la piscine de stockage de ce dernier.

Les efforts pour rétablir le courant électrique de la centrale, qui permettrait de remettre en route les pompes des circuits de refroidissement «progressent mais l'électricité n'a pas encore été rétablie», a assuré de son côté le porte-parole du gouvernement nippon, Yukio Edano.

L'ampleur des dommages d'ores et déjà constatés sur les réacteurs 1 à 4 ont conduit l'Agence de sûreté nucléaire japonaise à relever de 4 et 5 la gravité de l'accident sur l'échelle internationale INES, qui va de 0 à 7.

«La perte du système de refroidissement a entraîné des dommages sur le coeur du réacteur. Des particules radioactives continuent à être libérées dans l'environnement», selon l'agence.

Ces systèmes sont tombés en panne lorsque le séisme de magnitude 9 et le tsunami ont détruit les protections maritimes de la centrale construite dans les années 1970.

Si le Japon le demande, 450 militaires américains spécialistes du nucléaire se tiennent prêts à intervenir, a annoncé le commandant des forces américaines du Pacifique, qui s'est dit «prudemment optimiste» sur l'évolution de la situation.

La France et la Russie ont également proposé leur aide.

À cause de risque de contamination nucléaire, de nombreuses capitales continuaient à organiser le départ de leurs ressortissants présents dans la zone à risque et dans l'immense mégapole de Tokyo, située à moins de 250 km de Fukushima.

Pour tenter de rassurer la population, l'AEIA a annoncé qu'elle allait effectuer des mesures de radioactivité à Tokyo, distinctes de celles du gouvernement.

Ceux qui ne quittent pas le Japon trouvent refuge dans le sud de l'archipel, notamment à Osaka, la deuxième ville du pays où, par exemple, l'Allemagne a installé une ambassade provisoire.

L'activité s'est nettement réduite depuis le début de la semaine dans la capitale, où de nombreuses entreprises fonctionnent au ralenti et où les ventes aux enchères de thon ont été suspendues à Tsukiji, le plus grand marché aux poissons du monde. Mais aucune panique n'a saisi les Tokyoïtes, qui ont stocké des vivres au cas où ils devraient être confinés chez eux.Les rues de la capitale habituellement illuminées la nuit sont dans certains quartiers plongées dans la pénombre en raison des restrictions d'électricité. «La métropole prospère et rayonnante est devenue une ville de ténèbres, de pénuries et d'appréhension», se désolait le quotidien Japan Times.

Dans le Nord-Est, le bilan du pire séisme jamais enregistré dans l'archipel a dépassé celui du tremblement de Kobe de 1995. Il va continuer à s'aggraver puisque plus de 10 000 personnes étaient officiellement portées disparues, a annoncé la police.

Malgré une mobilisation sans précédent de 80 000 soldats et secouristes, les espoirs de retrouver des survivants se sont quasiment évanouis, d'autant qu'une vague de froid affecte la zone dévastée.

Le gouvernement a assuré que les opérations d'aide aux quelque 440 000 sinistrés allaient être améliorées pour répondre aux plaintes concernant les pénuries d'eau potable et de vivres.

Dans la ville de Katahama, les réfugiés tentent de résister à des températures tombées à 0°C dans un centre social où il n'y a ni électricité, ni gaz, ni eau. «Nous avons des lampes de poche pour la nuit et nous nous enroulons dans des couvertures», a témoigné Kikuo Nomura, 70 ans.

Ces conditions extrêmes fragilisent aussi la santé des personnes évacuées les plus vulnérables comme les personnes âgées et les enfants, dont 100.000 seraient sans logis, selon l'organisation Save The Children.

Les ministres des Finances du G7 ont exprimé leur solidarité avec le Japon en décidant de mener une action «concertée» sur le marché des changes face à la flambée du yen, qui handicape les entreprises exportatrices japonaises. L'annonce a eu un effet immédiat: le dollar est repassé au dessus des 80 yens vendredi à Tokyo, au lendemain d'un record à 76,36 yens.