«Dans une Ferrari, on met des freins de 14 pouces, pas des freins de 8 pouces comme dans une Honda Civic.»

Avec cette analogie, François Rinfret, directeur du programme réglementaire pour la centrale Gentilly-2 à la Commission canadienne de sûreté nucléaire, résume les défis des réacteurs Candu-6 qui sont installés dans l'unique centrale nucléaire du Québec, dans celle du Nouveau-Brunswick et dans neuf centrales dans le monde. La Commission doit tenir en avril une audience publique sur le renouvellement de Gentilly-2.

Les réacteurs Candu-6 ont quatre dispositifs distincts de sécurité en cas d'arrêt d'urgence de la centrale - les fameux «freins de 14 pouces» dont parle M. Rinfret. Ils sont nécessaires à cause de la propension du réacteur à produire facilement de l'énergie (une «réactivité positive»). Selon les opposants au nucléaire, cette caractéristique augmente le risque d'une réaction impossible à maîtriser en cas de problème grave dans le système de refroidissement.

«La preuve que l'industrie nucléaire ne fait pas elle-même confiance à sa technologie, c'est qu'il existe une loi fédérale qui empêche les poursuites en cas d'accident, affirme Shawn-Patrick Stencil, responsable du dossier nucléaire à Greenpeace. Ça veut dire que les financiers, les ingénieurs et les comptables savent qu'un accident est possible. Le réacteur Candu avancé n'a pas autant de réactivité positive parce qu'il est impossible de vendre une technologie aussi risquée. Mais celui de Gentilly-2 est l'ancien modèle.»

Le risque d'accident nucléaire est faible, mais ses conséquences seraient importantes, renchérit Karel Mayrand, directeur québécois de la fondation David-Suzuki. «Le risque d'avoir un accident de voiture est élevé, mais il s'agit souvent de petits accrochages, dit M. Mayrand. Si un avion tombe, les conséquences sont plus graves. C'est la même chose avec le nucléaire.»

Les dispositifs de sécurité visent à remédier aux imprévus, selon François Rinfret, de la Commission de sûreté nucléaire. En cas d'arrêt d'urgence, des barres de stabilisation tombent automatiquement sur le combustible. Si cela ne fonctionne pas, il y a automatiquement injection de «poison» dans le combustible. Le troisième mécanisme de sécurité est une injection d'eau sous pression pour garder la température du combustible assez basse. Si cela ne suffit pas, un système d'arrosage situé au sommet de l'enceinte du réacteur est déclenché.

M. Mayrand souligne qu'il y a plusieurs problèmes d'entretien avec des centrales nucléaires en Ontario. «C'est s'aveugler de penser qu'on ne fait jamais d'erreur.»