Le principal fabricant américain de comprimés d'iodure de potassium, Anbex, est en rupture de stock en raison de la demande massive entraînée par les accidents nucléaires en série au Japon, a annoncé mercredi la direction de l'entreprise.

Anbex a été inondé par des milliers de commandes pour son médicament Iosat depuis le séisme et le tsunami de vendredi au Japon, qui ont entraîné une série d'accidents à la centrale nucléaire de Fukushima 1, dans le nord-est du pays.

«Le pic (de demande) est énorme (...), nous sommes en rupture de stock depuis vendredi soir», a déclaré Alan Morris, président d'Anbex, qui fournit aux particuliers et aux commerces ce médicament protégeant contre les radiations, que l'on peut aussi commander en ligne.

«La demande provient principalement de la côte Ouest des États-Unis, mais il y a un grand nombre de demandes de renseignements et de commandes provenant du Japon, de Corée et d'Asie en général», a-t-il expliqué à l'AFP.

M. Morris a dit espérer que ses usines auraient de nouveaux stocks de ce médicament prêts à être expédiés d'ici deux semaines.

Sa compagnie est la seule à fabriquer un médicament à base d'iodure de potassium sous forme de comprimés aux Etats-Unis, mais il en existe une forme liquide, fabriquée par la firme Fleming Pharmaceuticals, a dit M. Morris.

Le site internet de cette entreprise affirme que ses employés «travaillent presque 24 heures sur 24 pour envoyer des cargaisons d'iodure de potassium au Japon».

Les autorités américaines affirment depuis le début de la crise que la probabilité que la radioactivité atteigne les Etats-Unis est minime, tandis que les météorologues estiment qu'il est difficile de prévoir exactement la probabilité qu'un nuage radioactif traverse le Pacifique.

Le responsable par intérim du département de la Santé publique de Californie, le Dr Howard Backer, a par ailleurs insisté sur les risques liés à la prise de pastilles d'iode lorsque ce n'est pas nécessaire.

«Nous exhortons les Californiens à ne pas prendre d'iodure de potassium de manière préventive», a-t-il dit, soulignant que cela pouvait «présenter un danger pour les personnes allergiques à l'iodure ou aux fruits de mer, ou qui ont des problèmes de thyroïde», et que si ces comprimés sont «pris de manière inadéquate, cela peut avoir de graves effets secondaires».

Mardi au cours d'une visite à San Francisco, Regina Benjamin, chargée de la communication de l'administration Obama en matière de santé publique, avait déclaré que les Américains n'étaient «jamais trop préparés» face à une potentielle catastrophe.

«Elle a dit qu'il était toujours important de se préparer, mais elle ne recommande pas aux gens d'aller acheter (ce médicament) pour l'instant», a précisé sa porte-parole Kate Migliaccio, citée par le Los Angeles Times.

A Hawaii, archipel américain du Pacifique à 6500 km du Japon, les habitants se sont rués sur les suppléments iodés, ont indiqué des commerçants.

«Dès que les gens ont entendu parler de la première explosion (à la centrale de Fukushima), ils ont dévalisé les présentoirs», a raconté Amber Simone, de la chaîne de magasins macrobiotiques Down to Earth à Honolulu.

«Nous avons été débordés», a-t-elle ajouté, précisant que son magasin avait une liste d'attente pour des produits iodés comportant 184 noms et que de nouveaux noms s'ajoutaient toutes les 10 minutes.

Le magasin Celestial Nature Foods, sur l'île d'Oahu, avait vendu ses stocks d'iodure de potassium mardi soir, a indiqué sa gérante, Melody Allen, indiquant que ses clients avaient aussi acheté des produits riches en iode comme les algues comestibles.

Les autorités sanitaires de Hawaii ont demandé aux habitants de ne pas prendre de pastilles d'iode sans leur feu vert.