Des parlementaires américains ont appelé dimanche à un moratoire sur le développement de l'énergie nucléaire aux États-Unis, à la lumière de la situation alarmante dans plusieurs centrales japonaises après le séisme et le tsunami de vendredi.

Joseph Lieberman, président de la commission de la Sécurité intérieure du Sénat, a rappelé qu'il était «un grand partisan de l'énergie nucléaire, car elle n'est pas importée, elle est à nous et elle est propre», et qu'en outre les États-Unis «ont un bon bilan en matière de sécurité concernant les centrales nucléaires».

Cependant, a-t-il ajouté, «nous devons tranquillement mais très vite faire une pause, le temps de digérer ce qui s'est passé au Japon à la suite du séisme et du tsunami, et ensuite examiner ce que nous devons exiger de plus, si c'est nécessaire, concernant les nouvelles centrales», a déclaré le sénateur indépendant sur la chaîne CBS.

Le président américain Barack Obama veut développer l'énergie nucléaire dans le but de diminuer la dépendance des États-Unis envers le pétrole importé et le charbon. Son administration a alloué 18,5 milliards de dollars de garanties de prêts au ministère de l'Energie pour assurer le développement de la filière.

L'administration Obama est «déterminée à relancer l'industrie nucléaire, un secteur clé pour que l'économie du pays s'oriente vers la production d'énergie propre», avait déclaré un responsable américain à l'AFP en décembre, expliquant que le nucléaire était «crucial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et créer des emplois dans des secteurs en croissance».

Mais les événements au Japon risquent d'apporter de l'eau au moulin de ceux qui sont hostiles à l'énergie nucléaire aux États-Unis.

Lors d'un premier incident, une explosion est intervenue dans une partie du réacteur de la centrale vieillissante de Fukushima 1.

Un taux anormal de radioactivité a été enregistré près d'une autre centrale nucléaire, celle d'Onagawa, dimanche, les autorités assurant toutefois que les trois réacteurs de l'installation sont «sous contrôle».

Edward Markey, un représentant démocrate au Congrès américain, hostile à l'énergie nucléaire, a demandé un moratoire dans la construction de nouveaux réacteurs dans des régions actives au niveau sismique, a indiqué le New York Times.

«Ce désastre nous montre la fragilité des centrales nucléaires et les conséquences potentiellement associées à une fuite radioactive après un tremblement de terre», a-t-il déclaré dans un communiqué vendredi.

«Nous devons nous assurer que les centrales américaines peuvent supporter un événement catastrophique et qu'elles respectent les critères de sécurité les plus draconiens», a-t-il ajouté.

Il a envoyé une lettre à la Commission de régulation du secteur nucléaire (NRC) demandant des détails sur les plans d'urgence de l'industrie nucléaire américaine.

«Informez-moi si vous croyez que ce qui est arrivé aux réacteurs japonais à la suite de la secousse tellurique suggère que nous ayons besoin de renforcer la sécurité de nos propres réacteurs et si c'est le cas, quelles actions la Commission prend-elle pour renforcer ces mesures», écrit M. Markey.

«Il s'agit de toute évidence d'un sérieux coup pour ce qu'on appelait la renaissance du nucléaire», a jugé Peter Bradford, un ancien membre de la NRC.