Des Québécois témoignent de leur expérience alors qu'ils étaient au Japon, hier, lors du séisme et du tsunami qui ont frappé le pays. D'autres ont déjà vécu dans le pays du soleil levant et racontent leurs inquiétudes. Communiquez avec nous si vous avez été témoin du séisme.

VOS TÉMOIGNAGES

«La ville de Tokyo se réveille tranquillement de la journée d'hier. Étrangement, les rues sont relativement désertes. Même les grandes intersections et les quartiers comme Shinjuku, Shibuya ou Roppongi sont au ralenti. Ça contraste avec les images d'hier soir, où les rues étaient remplies de piétons et de gens qui essayaient de rentrer à pied. Plusieurs personnes ont mis presque 24 heures à rentrer à leur maison depuis hier. Plusieurs ont dormi dans les gares ou au bureau, alors que la ville était sans trains, sans métros et les rues complètement congestionnées. Les gens ont pris la nuit et la matinée pour entrer chez eux, et maintenant, ça laisse l'impression effectivement que la ville est endormie. Les trains ont repris, mais on nous dit que c'est très lent.

Aujourd'hui les épiceries et les stations services ont rouvert. Il fallait attendre presque une heure pour payer à l'épicerie, les allées sont vides de produits. Même chose pour les «convenience stores» (dépanneurs). Des employés attendent avec des affiches à l'extérieur de l'épicerie pour dire que les provisions sont à sec. Les gens ont tout pris ce qui est nourriture sèche et bouteilles d'eau. Il y avait aussi partout des files d'au moins 30 voitures qui attendaient pour les stations services. Plusieurs alertes sont émises pour économiser l'électricité et l'eau, et se contenter du strict nécessaire.

Malgré tout ça, tout se déroule dans un calme exemplaire. Assez impressionnant.

Il est pour l'instant déconseillé de se rendre dans les régions du nord pour offrir de l'aide. Tout est encore trop précaire, et ça ne ferait que congestionner davantage la région qui est déjà fragile.

On nous conseille toutefois de faire des dons en argent, ou des dons de sang, alors que des stations pour donner le sang ont été installées dans la plupart des grandes stations de trains.»

Olivier Jacques, un Québécois à Tokyo

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«Ce qui préoccupe le plus les gens aujourd'hui, c'est la situation avec la centrale nucléaire. Il y a un vent de panique ici. Les gens se demandent si le gouvernement dit la vérité. La centrale est loin de Tokyo, mais selon les vents et le niveau de radiations, est-ce que ça peut être dangereux ici? Beaucoup de gens commencent à s'inquiéter. Pour ma part, j'ose croire que le gouvernement dit la vérité.»

Guy Roberge, un Québécois originaire de L'Ancienne-Lorette qui travaille dans une banque de Tokyo

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«Nous avons évacué le bâtiment. Les gens ont réussi à évacuer de façon tranquille, mais c'est sûr qu'il y avait un peu de panique. Il fallait prendre les escaliers extérieurs et ça tremblait énormément. On voyait les bâtiments en face qui allaient presque se toucher l'un l'autre à cause du tremblement.

Au retour à la maison, c'était des colonnes de personnes qui marchaient dans les rues, sur des kilomètres. On a mis deux heures à pied pour rentrer et on était dans une foule pendant deux heures. Aujourd'hui, c'est revenu à la normale. Le service de trains a repris ce matin. Maintenant, il y a la situation dans les centrales nucléaires qui inquiètent beaucoup de gens.»

Marc Trudel, un Lavallois qui habite à Tokyo depuis un an et demi. Il était au 6e étage d'un édifice situé à Tokyo lorsque le séisme a eu lieu.

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«Je faisais mes derniers achats dans un magasin grande surface lorsque les premiers tremblements ont débuté. D'abord, j'ai remarqué que les objets bougeaient un peu. Ensuite, j'ai réalisé la situation: tremblement de terre. Les employés nous ont alors demandé de nous diriger sous les poutres, structures plus solides, auprès des escaliers roulants. On s'y rend tranquillement. Moi, certaine que c'est tout à fait normal, que l'on procède toujours ainsi.

Les tremblements persistent et semblent augmenter en force. Une femme se met à gémir puis pleurer. Ses amies la consolent. Je réalise alors que c'est plus sérieux que je ne le croyais, que tous ceux qui sont à mes cotés ont aussi l'air effrayé. La situation est anormale. Je vis un tremblement de terre. Je commence alors à penser a tout, à la sortie la plus près.

Je veux voir le ciel, maintenant.

On nous escorte enfin à l'extérieur une fois l'alerte terminée. On se rend dans un parc où les gens se regroupent. Plus tard, on décide de marcher jusqu'à l'hôtel. Nous sommes à Shibuya, nous logeons à Shinjuku (environ 1 heure de marche). Les rues sont bondées de gens. Tout le monde semble être dans la rue.

Tout est calme. Il n'y a rien d'alarmant. Les gens marchent tranquillement. Les voitures sont bloquées. Embouteillage complet.

Au huitième étage de l'hôtel, je n'arrive pas à dormir. Le sol bouge encore. Je regarde le plafond.

J'ai hâte de prendre l'avion...»

Geneviève Laurendeau, employée du Cirque du Soleil.

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«Les gens de Sendai sentaient des secousses depuis quatre jours. Ils savaient qu'un grand tremblement de terre s'en venait mais, même s'ils étaient préparés, ils ont été pris de court. Ç'a dépassé tout ce qu'ils pouvaient imaginer. Ceux que j'ai réussi à joindre ont peur de rentrer chez eux. Ils se sont réfugiés dans des voitures pour la nuit. Il n'y a plus d'électricité dans la ville.»

Pierre-Yves Lebon, enseignant au collège Jean-Eudes, qui a travaillé à Sendai jusqu'à l'automne dernier.

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«D'ici, je peux voir plusieurs raffineries qui sont la proie des flammes autour de la baie de Tokyo. Je vais possiblement devoir dormir au travail puisque les trains ne fonctionnent pas. Pendant ce temps, on ressent de petites secousses et j'ai le mal de mer!»

Jean-Yves Lefebvre, un Québécois qui vit au Japon, se trouvait au 19e étage d'un immeuble à Chiba City, près de Tokyo, lorsque la terre a tremblé.

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«Les murs ont tremblé, les lampadaires sont tombés, il y a des dégâts d'eau, mais les fenêtres n'ont pas éclaté, malgré des déplacements des édifices de 1,5 à 2 m.»

Teppei Kurita, un Japonais qui a déjà étudié à l'Université de Montréal

«Les gens sont assez inquiets et vont sur le site de l'agence météorologique du Japon pour voir d'où viennent les répliques»

- Robert Lavoie, un Québécois qui a épousé une Japonaise et qui vit dans le pays du Soleil levant depuis cinq ans