Au moins trois Japonais habitant une ville proche de la centrale nucléaire touchée par une explosion ont été exposés à des radiations, ont rapporté samedi des médias, sur fond de crainte d'une fuite radioactive majeure due au séisme survenu dans le nord-est du pays.

Ces trois personnes faisaient partie d'un groupe de quelque 90 patients internés dans un hôpital de la ville de Futaba-machi et ont été choisies au hasard par les médecins pour subir des tests consécutifs à un incident nucléaire, a rapporté la télévision publique NHK.

Les médecins ont découvert qu'ils avaient tous les trois été irradiés, ont indiqué NHK et l'agence Jiji citant le gouvernement local de Fukushima.

Les patients ont attendu les sauveteurs dans une école où ils avaient été transférés et ont ensuite été hélitreuillés par un hélicoptère, au moment où une explosion s'est produite dans la centrale nucléaire de Fukushima N°1.

Ces trois personnes, dont on ignore l'âge et le sexe, vont devoir subir un lavage spécial pour se débarrasser des radiations, mais leur état de santé ne présente rien d'anormal, a dit NHK.

Chimique ou nécléaire?

L'explosion qui s'est produite samedi dans une centrale nucléaire au Japon est d'origine chimique et pas nucléaire et n'est donc pas comparable à celle de Tchernobyl, ont expliqué samedi des experts français à l'AFP.

«Au vu des informations disponibles, nous ne sommes pas en présence d'une explosion nucléaire de type Tchernobyl, mais d'une explosion d'origine chimique, liée à la présence d'hydrogène», a indiqué le directeur général de l'ASN, l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), Olivier Gupta.

«Très clairement, on n'est pas dans une situation de type Tchernobyl, où on avait assisté à un emballement de la réaction nucléaire, puisqu'au Japon les réacteurs sont arrêtés depuis 24 heures», a-t-il poursuivi.

«Le plus probable, ce n'est pas du tout une explosion nucléaire, mais c'est une explosion chimique liée à l'hydrogène dégagé. Ce qui ne veut pas dire que l'explosion n'a pas généré des dégagements de radioactivité»,  a insisté M. Gupta.

Pour Jean-Mathieu Rambach, ingénieur expert en génie civil à l'IRSN, l'Institut de Radioprotection et de Sûreté nucléaire, joint par l'AFP, «l'explosion de ce matin ne qualifie pas la gravité de la situation puisque la radioactivité mesurée n'est pas extravagante. Elle ne permet pas de dire qu'on est en face d'un Tchernobyl».

«Une explosion du réacteur n'est pas encore exclue, mais on n'est pas en présence d'une réaction nucléaire en cours, puisque (contrairement à Tchernobyl), les réacteurs ont été arrêtés», a-t-il insisté.

«On n'est donc pas en présence d'une bombe atomique: il ne reste que la puissance résiduelle à évacuer».

Il s'agit cependant, a-t-il estimé, «d'un événement majeur, qui sera étudié comme l'ont été Tchernobyl ou Three Mile Island (aux États-Unis en 1979».

Un nuage radioactif pourrait atteindre la Russie

Un nuage radioactif émis par un réacteur nucléaire accidenté au Japon pourrait atteindre le cas échéant la péninsule russe du Kamtchatka en au moins 24 heures, selon une responsable du service russe de surveillance sanitaire citée par Ria-Novosti.

«Selon des données préliminaires, le nuage de particules radioactives qui a pu survenir à la suite de l'explosion dans une centrale nucléaire au Japon atteindra le Kamtchatka en au moins 24 heures», a déclaré selon Ria Novosti Natalia Jdanova, chef de l'antenne des services de surveillance sanitaires Rospotrebnadzor dans la péninsule.

«Cela est dû à la direction des mouvements de masses d'air et à la distance significative entre le Kamtchatka et le Japon», a-t-elle ajouté.

La péninsule du Kamtchatka se trouve au nord-est du Japon et de l'archipel russe des Kouriles.

Selon la responsable russe, des mesures de radioactivité sont effectuées chaque heure par 28 stations de contrôle dans les localités du Kamtchatka.

«Aucune hausse anormale de radioactivité n'a été relevée pour l'instant dans la région», a souligné Mme Jdanova.

L'éventuelle pollution nucléaire chassée vers le Pacifique

La direction des vents au Japon permet de chasser vers le Pacifique une éventuelle pollution radioactive provenant de la centrale nucléaire de Fukushima N°1 (côte nord-est), a indiqué samedi le président de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN).

«Il semble que la direction des vents éloigne pour le moment une éventuelle pollution vers le Pacifique», a déclaré André-Claude Lacoste devant la presse.

Une explosion, faisant craindre une fusion dans un réacteur, s'est produite samedi à la centrale Fukushima N°1, touchée par le fort séisme de vendredi.

«À l'évidence, la situation est grave», a-t-il ajouté, tout en soulignant que ses services disposent à ce stade «d'une information parcellaire, incomplète et donc de qualité médiocre, les interlocuteurs naturels de l'ASN se concentrant sur la gestion de la crise».

L'ASN est chargée de la sûreté du nucléaire civil en France. Cette autorité administrative indépendante contrôle notamment le parc des 58 réacteurs nucléaires français, répartis dans 19 centrales.

Par ailleurs, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN, public) veillera à surveiller le territoire français en temps réel pour mesurer toute anomalie, a assuré sa présidente, Agnès Buzyn présente au côté de M. Lacoste.