Après le tsunami qui a dévasté l'océan Indien en 2004, le Japon a investi des millions de dollars pour améliorer son système de surveillance de tels phénomènes. Mais le tremblement de terre qui a frappé le nord-est du Japon s'est produit trop proche pour que les avertissements soient utiles.

«Un système de détection précoce des tsunamis n'est efficace que s'il y a plusieurs centaines de kilomètres entre l'épicentre du séisme sous-marin et les côtes», explique Charles McReery, directeur du centre de détection des tsunamis du Pacifique à Hawaï. «On a investi des dizaines de millions de dollars pour coordonner les réseaux dans les différents océans et pays, mais il faut une distance minimale pour que le système fonctionne.»

Même avec ces investissements, tout n'est pas parfait. Début 2010, le tremblement de terre au Chili a suscité des avertissements de tsunamis importants à Hawaï qui se sont finalement révélés de fausses alertes. En 2004, une étude de la NASA a conclu que 75% des avertissements de tsunamis étaient des fausses alertes.

Des inconnues

«On ignore beaucoup de paramètres des tsunamis, dit M. McReery. Par exemple, l'effet de l'intervalle entre les vagues est très mal connu, alors que la dispersion de l'énergie du tsunami quand il traverse l'océan est trop compliquée à modéliser par informatique, avec les ordinateurs dont nos réseaux disposent. Après le Chili, tout le monde aurait prédit un plus gros tsunami à Hawaï.»

Après le tsunami de 2004, le centre de détection des tsunamis du Pacifique, comme d'autres centres au Japon et ailleurs dans le monde, ont ajouté des capteurs dans différentes fréquences, pour détecter une plus grande gamme de séismes sous-marins. Ensuite, des capteurs installés sur des bouées confirment l'ampleur du tsunami. Le centre de M. McReery a découvert en 2009 une manière d'évaluer l'ampleur d'un tsunami avec des images satellites.

Les premiers «tsunamimètres» ont été installés entre l'Alaska et Hawaï après un tsunami en 1946, qui a fait 159 morts. Un programme de modernisation a été lancé en 1997, mais il n'a été financé en entier qu'après le tsunami de 2004. Il devait être terminé en 2007, mais M. McReery admet avoir été «naïf» dans ses prévisions. Les dernières mises au point ont toujours lieu, notamment pour diminuer les fausses alertes. Chaque fausse alerte à Hawaï coûte 70 millions en perte de productivité, selon une étude de l'Université d'Hawaï.

Le centre du Pacifique affichait hier 11 alertes au tsunami, certaines très mineures, par exemple après un séisme de 6,6 à l'échelle de Richter au large du Chili et un autre de 6,6 près des îles Sandwich.

Une vague haute de 30 m qui balaie la côte est du Canada, pénétrant des centaines de mètres à l'intérieur des terres: telle est la prédiction faite depuis une dizaine d'années par un vulcanologue britannique, Bill McGuire. Ce tsunami ne serait pas causé par un tremblement de terre, mais par un gigantesque glissement de terrain dans l'un des volcans des îles Canaries. La possibilité de tels «super-tsunamis» intrigue les chercheurs, qui estiment qu'ils surviennent une fois aux 100 000 ans et génèrent des vagues pouvant atteindre 500 m. Un super-tsunamide ce genre aurait frappé la Barbade il y a 420 000 ans et un autre Hawaï il y a 110 000 ans, laissant des coquillages au sommet des montagnes, selon certains experts.