Rupert Murdoch commence-t-il à regretter d'avoir un jour mis les pieds en Angleterre? L'Australo-Américain devra expliquer cette semaine l'étendue de son influence sur la classe politique britannique devant une commission d'enquête. Et son fils James, qui témoigne aujourd'hui, ne sera pas à ses côtés pour prévenir tout dérapage.

C'est le moment que les détracteurs de Rupert Murdoch attendent depuis des années, voire des décennies. Le magnat de presse, à qui on attribue le pouvoir d'élire des premiers ministres britanniques depuis environ 40 ans, sera interrogé sous serment demain au sujet de son emprise sur la politique britannique et de la gestion de ses journaux, dont le défunt News Of The World.

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Il sera précédé de son fils James Murdoch, qui sera auditionné aujourd'hui à la commission sur les pratiques de la presse qu'a créée David Cameron en pleine tourmente des écoutes téléphoniques.

Les bonnes nouvelles en sol anglais sont rares pour les Murdoch, et le lancement du Sun on Sunday, qui a remplacé le News Of The World (NotW) en février dernier, n'a été qu'un baume passager sur les arrestations d'employés du Sun, soupçonnés d'avoir corrompu des policiers et des fonctionnaires.

James Murdoch a tenté de s'éloigner du guêpier en février et en mars en quittant progressivement toutes ses fonctions dans les médias britanniques de son père, y compris la chaîne de nouvelles Sky News, maintenant trempée dans une affaire de piratage informatique.

Témoignage dangereux

Si l'histoire se répète, Murdoch et fils ne sortiront pas indemnes de leurs comparutions devant le juge Brian Leveson, qui passe au crible l'éthique de la presse. L'homme d'affaires de 81 ans avait eu l'air confus par moment l'été dernier, à son passage devant le comité parlementaire sur l'affaire des écoutes, avant d'être entarté par un manifestant.

Par arrogance ou par imprudence, Rupert Murdoch pourrait donner l'impression de tirer les ficelles dans les coulisses du pouvoir, demain. «Je préférerais qu'ils me laissent tranquille», avait-il dit en juillet dernier, à propos des premiers ministres, devant le comité parlementaire.

Ses amitiés avec Margaret Thatcher et Tony Blair, parrain d'une de ses filles, sont de notoriété publique. L'actuel premier ministre David Cameron a davantage frayé avec ses poulains, Rebekah Brooks et Andy Coulson, anciens directeurs de NOTW.

D'ailleurs, il a été révélé au juge Leveson que Rebekah Brooks avait prêté à David Cameron un cheval qu'elle avait obtenu de... Scotland Yard. Le témoignage de Rupert Murdoch pourrait cependant être bien plus dangereux pour le premier ministre, qui sera entendu devant la commission plus tard cette année.

Trois enquêtes policières



L'affaire des écoutes téléphoniques est loin d'être classée en Angleterre où News International, filiale britannique de News Corporation, est sous le coup de trois enquêtes policières. À ce jour, 44 personnes, majoritairement des journalistes, ont été arrêtées, dont la «fille spirituelle» de Rupert Murdoch, Rebekah Brooks.