Le scandale des écoutes téléphoniques au sein du groupe Murdoch a rebondi mardi après de nouvelles révélations d'employés de News of the World mettant en cause l'ex-«dircom» du Premier ministre, Andy Coulson, et le dauphin du magnat des médias, James Murdoch.

Les écoutes pirates étaient «largement abordées» dans les conférences de rédaction quotidiennes de News of the World, en présence du rédacteur en chef Andy Coulson, qui a occupé ce poste de 2003 à 2007, révèle une lettre explosive d'un ancien journaliste du tabloïd britannique rendue publique mardi par la commission parlementaire chargée des médias.

A peine sorti de l'urgence des émeutes qui ont embrasé plusieurs villes anglaises la semaine dernière, le Premier ministre David Cameron risque d'être à nouveau la cible des critiques pour avoir manqué de discernement en embauchant Andy Coulson, juste après son départ du News of the World en 2007.

Andy Coulson avait été embauché en mai 2007 en tant que conseiller pour la communication de David Cameron, alors chef des conservateurs, et l'avait suivi à Downing Street avant d'être contraint de démissionner en janvier 2011, au moment où le scandale enflait.

Mardi, un porte-parole de Downing Street a jugé tout commentaire «inapproprié», deux enquêtes sur le scandale, l'une de la police et l'autre sous la houlette d'un juge, étant en cours.

La lettre qui met le feu au poudre émane de Clive Goodman, ancien correspondant pour les affaires royales du News of the World condamné en 2007 à quatre mois de prison pour avoir procédé à des écoutes illégales pour le compte du journal dominical.

Dans cette lettre du 2 mars 2007, Clive Goodman, tout juste sorti de prison après avoir perdu son poste, affirme qu'Andy Coulson lui avait promis qu'il retrouverait son emploi s'il n'impliquait pas le journal devant la justice, c'est-à-dire qu'il a tenté d'étouffer l'affaire.

Furieux de son licenciement, Clive Goodman rappelle l'engagement d'Andy Coulson, dans sa lettre à la direction des ressources humaines de News International, qui chapeaute les journaux britanniques du groupe Murdoch.

Il assure aussi avoir réalisé les écoutes téléphoniques «avec le soutien plein et entier» de journalistes confirmés du journal, qu'il cite, mais dont les noms ont été occultés dans le cadre de l'enquête de police.

«Cette pratique était largement abordée dans la conférence du matin, jusqu'à ce que toute référence (à celle-ci) en soit bannie par le rédacteur en chef» (Andy Coulson, ndlr), affirme Clive Goodman dans cette lettre.

Rupert Murdoch a brusquement fermé début juillet News of the World, accusé d'avoir écouté les messageries de près de 4000 personnes depuis le début des années 2000, dont des célébrités, membres de la famille royale, et jusqu'à la messagerie d'une fillette assassinée.

Un porte-parole de News International a indiqué mardi que le groupe «reconnaissait le sérieux des documents révélés par la police et le parlement et était engagé à travailler de manière constructive et transparente avec toutes les autorités compétentes».

Mais la commission parlementaire des médias, qui a déjà procédé en juillet à une audition fleuve sur le scandale, a annoncé son intention d'entendre le 6 septembre plusieurs anciens employés du groupe Murdoch, et éventuellement plus tard James Murdoch, responsable des activités en Europe et en Asie du groupe familial.

La commission a eu confirmation par écrit de Colin Myler, ancien rédacteur en chef du journal, et de Tom Crone, ex-directeur des affaires juridiques, du fait que James Murdoch était bien au courant d'écoutes de grande ampleur au sein du tabloïd.

Pendant son audition en juillet devant la commission des médias, James Murdoch avait assuré du contraire, niant avoir eu connaissance d'un email montrant que les écoutes au sein de News of the World n'étaient pas le fait d'un seul reporter, mais constituaient une pratique beaucoup plus répandue.