Andy Murray, le natif de Glasgow qui porte le tennis britannique à bout de bras, est monté au filet jeudi en faisant une sortie remarquée en faveur du «Yes» le jour même où l'Écosse se prononce par référendum sur son indépendance.

«Grand jour pour l'Écosse aujourd'hui», a ainsi tweeté le joueur de 27 ans, célébré dans tout le Royaume en 2013 lorsqu'il a remporté Wimbledon. «La campagne négative menée par le camp du non ces derniers jours a changé ma façon de voir les choses. J'ai hâte de voir le résultat».

«Faisons-le», conclut-il dans un message qui laisse clairement entendre qu'il a maintenant choisi son camp. Mais une intervention aussi fine que son jeu et qui lui évite de flirter trop ouvertement avec les lignes.

Quelques heures après sa publication, son tweet avait même été retweeté plus de 14 000 fois sur le réseau social, et notamment par Alex Salmond, chef de file des indépendantistes. Au point de devenir l'un des sujets de prédilection de la matinée des médias britanniques.

Assurément écossais de naissance, Murray a pourtant coupé physiquement les ponts depuis de longues années avec sa terre de coeur où il ne retourne que pour se ressourcer.

Son temps se partage en effet entre le Surrey à proximité de Londres et les États-Unis. Comme il n'y réside plus lui-même, il ne pourra prendre part au référendum.

Totalement intégré au tennis britannique, il en porte brillamment les couleurs depuis le plus jeune âge. En 2005, à 17 ans, il est même devenu le plus jeune joueur à y faire ses débuts dans l'équipe de Coupe Davis.

Deux ans plus tôt, il avait pourtant déjà quitté sa terre natale pour lui préférer, à Barcelone, la terre battue espagnole.

Lorsqu'il était élève dans le prestigieux établissement de Dunblane, où il a vécu de près le massacre de 16 élèves en 1996, les Rangers, célèbre club de soccer, lui avaient même proposé de rejoindre leurs rangs.

Sa mère, Judy, est également l'actuelle capitaine de l'équipe britannique de Fed Cup.

Enfin, après sa médaille d'or olympique à Londres en 2012, il a également été fait chevalier de l'Ordre de l'empire britannique par le Prince William.

Autant de raisons qui ont poussé jusque-là le 12e joueur mondial, récemment éliminé en quarts de finale aux Internationaux des États-Unis, à rester plutôt discret sur le sujet.

La faute peut-être aussi à cette polémique ravageuse créée en plein Mondial 2006 de soccer lorsque, provocateur, il avait assuré qu'il soutiendrait «n'importe qui sauf l'Angleterre».

En mars, dans The Times, il avait esquissé un léger retour en fond de court.

«Il ne faut pas laisser de place à l'émotion pour juger les choses mais sur ce qui est le meilleur économiquement pour l'Écosse, estimait-il alors. Personne ne veut d'un choix sur un coup de tête et ensuite que tout s'écroule dans le pays. Je suis fier d'être Écossais, mais aussi d'être Britannique. Il n'y a aucune contradiction».

Plus récemment, il s'était platement contenté de constater simplement que «si l'Écosse devient indépendante, alors j'imagine que je jouerai pour elle».

Son frère Jamie, également joueur de tennis, a pris lui moins de pincettes avec son engagement en faveur du oui.

«J'adore le Royaume-Uni, j'adore la famille royale... mais il est temps pour l'Écosse de se tenir seule debout et de prendre son destin en main», a-t-il tweeté à son tour.

«L'Écosse est pleine de gens humbles, talentueux et travailleurs. J'ai confiance en eux pour diriger brillamment le pays», estimait-il encore.