Israël a réitéré vendredi son refus de présenter des excuses à la Turquie, après le raid meurtrier de sa marine contre un ferry turc en route pour Gaza en mai 2010, tout en espérant trouver les moyens de surmonter la grave crise avec Ankara.

«Israël exprime à nouveau ses regrets pour les pertes en vies humaines, mais ne s'excuse pour cette opération. Israël, comme tout autre pays, a le droit légitime de se défendre», a affirmé un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Nétanyahou paru vendredi soir.

Le communiqué souligne également qu'Israël accepte avec des «réserves ponctuelles» le rapport de l'ONU sur cette opération qui a coûté la vie à neuf passagers turcs du ferry Mavi Marmara, navire-amiral d'une flottille humanitaire internationale qui tentait de briser le blocus maritime israélien de la bande de Gaza.

Les conclusions de l'enquête onusienne, révélées jeudi par le New York Times, estiment qu'Israël a eu recours à une force «excessive et déraisonnable».

Mais le rapport de l'ONU affirme que «le blocus maritime (israélien) a été imposé en tant que mesure de sécurité légitime de façon à empêcher l'entrée d'armes dans Gaza par la mer et sa mise en oeuvre respecte les exigences du droit international».

Les réserves d'Israël portent sur la critique, explicite dans le rapport, d'un usage de la force «excessif et déraisonnable» par l'armée israélienne.

La Turquie, également critiquée, a pour sa part qualifié ce rapport de «nul et non avenu» et pris des mesures de rétorsion contre Israël en annonçant l'expulsion de l'ambassadeur israélien, Gaby Levy, la suspension des accords militaires bilatéraux et une saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Malgré cette nouvelle crise diplomatique, Israël a tenté de calmer le jeu.

Selon les médias, le Premier ministre Benjamin Nétanyahou a donné pour instructions aux membres du gouvernement de ne pas s'exprimer publiquement pour ne pas jeter d'huile sur le feu.

«Israël reconnaît l'importance historique des relations entre les peuples juif et turc et a fait des tentatives ces dernières semaines pour les maintenir en espérant que sera trouvé un moyen de surmonter les divergences», a souligné le communiqué du bureau de M. Nétanyahou.

Après l'incident du 31 mai 2010, qui s'était déroulé dans les eaux internationales, la Turquie avait rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv et assuré que les relations bilatérales ne seraient «plus jamais les mêmes», en exigeant à plusieurs reprises des «excuses» d'Israël.

Sur le fond, Israël a maintenu vendredi ses positions concernant le fiasco de la flottille.

«Les soldats israéliens ont été agressés par des dizaines de militants violents de l'organisation (turque) IHH qui étaient armés de couteaux, de barres de fer, Les soldats ont été contraints de se défendre», a souligné le communiqué officiel israélien.

Ces derniers mois, les dirigeants israéliens se sont dits prêts à exprimer des «regrets» et à verser des fonds «à titre humanitaire» aux parents des victimes. Mais il ont catégoriquement refusé de présenter ses excuses qui auraient, selon eux, constitué un aveu de culpabilité exposant les militaires israéliens à des poursuites judiciaires.

À Gaza, le mouvement islamiste Hamas s'est félicité vendredi des mesures de rétorsion prises par Ankara.

«Le Hamas se réjouit de la décision (de la Turquie) d'expulser l'ambassadeur israélien et considère qu'il s'agit d'une réponse qui va de soi au crime israélien» a déclaré à l'AFP un porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri en fustigeant «le refus d'Israël de lever le siège de Gaza».