Les dirigeants turcs ont soutenu jeudi qu'Israël avait mis en péril sa relation avec son plus proche allié musulman et ce, malgré avoir répondu aux demandes d'Ankara de libérer les centaines de personnes capturées lors de l'assaut de lundi contre une flottille d'aide humanitaire dans les eaux internationales.

Pendant ce temps, des milliers de personnes en deuil acclamaient dans la capitale turque les militants tués lundi, les qualifiant de «martyrs» en hissant leurs cercueils pour scander «Dieu est bon».

Le père du plus jeune des neuf militants tués, l'étudiant de 19 ans Furkan Dogan qui a la double citoyenneté turque et américaine, a louangé son fils, mort selon lui «pour une cause juste».

Ahmet Dogan a expliqué à l'agence de presse nationale qu'il avait identifié son fils à la morgue et que celui-ci avait reçu une balle en plein front. Malgré cela, le père a affirmé que la famille n'était pas triste parce qu'elle estime que Furkan est mort avec honneur.

Les funérailles des huit militants ont eu lieu à la mosquée Fatih d'Istanbul jeudi. Celles de la neuvième victime seront célébrées vendredi.

Plus de 10 000 personnes priaient à l'extérieur du monument religieux au même moment où Israël rejetait les requêtes pour qu'une commission d'enquête internationale se penche sur le raid meurtrier lancé par Tsahal contre six bateaux d'aide humanitaire qui tentaient d'outrepasser le blocus de la Bande de Gaza.

Les autorités israéliennes ont affirmé que l'armée enquêtait déjà au sujet des événements et qu'elle était capable d'effectuer un travail crédible.

Le premier ministre israëlien, Benjamin Nétanyahou a opposé jeudi une fin de non recevoir aux requêtes réclamant la levée du blocus sur Gaza, dirigé par le Hamas, arguant que cela empêchait des attaques de missiles sur Israël.

Depuis, au Moyen-Orient, les tensions se sont accentuées, particulièrement avec la Turquie, un allié important d'Israël. Jeudi, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a qualifié les actions d'Israël d'«erreur historique», ajoutant qu'il risquait de perdre son allié le plus important dans la région s'il ne changeait pas d'attitude.

Le président Abdullah Gul a renchéri, ajoutant que la Turquie n'oubliera jamais l'attaque et que les relations entre les deux pays ne seraient plus jamais les mêmes.

En tout, 466 militants turcs, dont plus de 50 étrangers, sont arrivés à Istanbul tôt jeudi. L'ambassadeur de la Turquie en Israël, Oguz Celikkol est aussi revenu au pays.

Par ailleurs, un autre bateau transportant de l'aide humanitaire devrait tenter de défier le blocus au cours des prochains jours. Le premier ministre israélien a dit à ses ministres qu'il ne permettrait pas à l'embarcation d'atteindre Gaza, affirmant que son pays avait fait plusieurs offres pour que le bateau soit conduit à un port d'Israël et que l'aide soit acheminée par voie terrestre. Mais l'offre a été rejetée.

Selon une personne ayant assisté à la rencontre, M. Nétanyahou a aussi ordonné à son armée d'empêcher que le bateau n'atteigne Gaza mais leur a dit d'agir avec sensibilité et d'éviter de blesser les personnes à bord.