Des milliers de personnes se sont rassemblées hier sur l'esplanade de la mosquée Fatih, à Istanbul. Elles ont rendu hommage aux neuf militants tués lundi dans le raid israélien contre la «flottille de la paix» qui faisait route vers Gaza pour y acheminer de l'aide humanitaire.

La foule a scandé des slogans comme: «À bas Israël!» et «Israël terroriste!» en agitant des drapeaux turcs et palestiniens.

Le maire d'Istanbul, le ministre de l'Énergie et le consul général d'Iran ont notamment assisté à la cérémonie. En après-midi, huit cercueils, recouverts de drapeaux turcs et palestiniens, ont été amenés un à un à l'avant de la mosquée. Des prières ont été prononcées pour chacun des huit hommes. Une cérémonie est prévue aujourd'hui pour la neuvième victime.

«Israël a commis un massacre», a dit Seyfullah Ozgur, en pleurs. L'homme était du convoi du Mavi Marmara, le navire pris d'assaut par l'armée israélienne lundi. Il connaissait très bien l'une des victimes, Furkan Dogan, né aux États-Unis mais rentré en Turquie en bas âge.

Tous deux étaient de la même ville, en Anatolie centrale. «Je suis tellement triste pour lui. Il avait seulement 19 ans. J'aurais préféré que Dieu me choisisse à sa place.» Furkan Dogan, qui avait aussi la citoyenneté américaine, a reçu cinq balles, dont quatre à la tête.

Après la cérémonie, les dépouilles devaient être acheminées dans les villes d'origine des victimes pour y être enterrées.

Devenir des martyrs

La plupart des centaines de militants retenus en Israël depuis le raid ont été expulsés en Turquie dans la nuit de mercredi à hier. Cinq membres du convoi, grièvement blessés, sont toujours en Israël. «Personne ne parlait de mourir, mais nous savions tous que nous pourrions devenir des martyrs», a dit Mukadder Tanok Kirbay, directrice de projets de l'organisme IHH, qui a joué un rôle central dans la mise sur pied de la flottille.

«Notre plan était de faire un sit-in, une manifestation pacifique pour les empêcher de venir sur le bateau. Mais ils ne nous ont pas donné d'avertissement», a dit Yasar Kutluay, secrétaire général de l'IHH, que La Presse a rencontré hier dans les bureaux de l'organisme, tout près de l'endroit où était organisée la cérémonie funéraire.

Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu, concède le responsable de l'organisation du convoi. «Les militants se sont défendus avec tout ce qu'ils ont pu trouver, a-t-il dit. Ils se sont battus avec leurs poings. Ils ont paniqué. Des soldats saignaient du nez.»

Les membres du convoi disent s'être fait confisquer tout ce qu'ils avaient: ordinateurs portables, téléphones cellulaires, appareils photo.

Ne jamais pardonner

Israël accuse les membres de l'IHH d'être des sympathisants du Hamas. «Nous ne donnons pas d'argent au Hamas, a martelé Yasar Kutluay. Nous ne sommes pas intéressés par le côté militaire, seulement par le côté humanitaire.»

Aux rassemblements organisés par l'IHH, toutefois, les drapeaux et les bandeaux aux couleurs du Hamas sont nombreux.

Sur le plan politique, l'escalade verbale s'est poursuivie hier en Turquie. Le président du pays, Abdullah Gül, a affirmé hier que les liens entre la Turquie et Israël «ne seront plus jamais les mêmes». «La Turquie ne pardonnera jamais» l'assaut israélien, a-t-il ajouté.

La Turquie était auparavant vue comme le seul allié d'Israël dans la région. La relation entre les deux pays a commencé à s'effriter depuis l'opération militaire contre Gaza en 2008.