Le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé hier une enquête «impartiale» sur les «faits» entourant l'assaut militaire israélien contre la flottille civile qui cherchait à briser le blocus de Gaza. Ce compromis entre la requête turco-libanaise au Conseil de sécurité et la réticence des États-Unis à viser son principal allié au Proche-Orient a reçu l'appui de la Russie et de l'Union européenne.

La déclaration ne condamne pas nommément l'État hébreu mais appelle à la fin du blocus de Gaza.

Pendant ce temps, Israël n'a libéré qu'une dizaine de militants, dont l'écrivain suédois Henning Mankell, parmi les 700 capturés lundi à l'aube sur les six navires de la flottille affrétée par le mouvement Free Gaza.

 

Deux autres navires de Free Gaza doivent quitter Chypre pour gagner Gaza, dont l'un abrite le Prix Nobel nord-irlandais Mairead Maguire. L'un des deux navires est nommé Rachel Corrie, du nom de la militante américaine pro-palestinienne qui est morte en 2003 écrasée par un bulldozer de l'armée israélienne à Gaza.

Consacrant son éloignement d'Israël, l'Égypte a rouvert le terminal maritime de Rafah à Gaza, seul point de passage qui échappe à l'État juif, mais limité les déplacements à l'aide humanitaire et au passage des malades. Cette décision suit un resserrement des contrôles sur les tunnels clandestins servant à l'acheminement d'armes et de denrées civiles entre l'Égypte et Gaza par le désert du Sinaï, resserrement qui avait augmenté les tensions entre Le Caire et le Hamas, frère idéologique de l'opposition égyptienne, les Frères musulmans.

Israël a réitéré hier que l'aide humanitaire que devaient acheminer les six navires de Free Gaza aurait pu transiter par les points de passage terrestres que dirige Tsahal, l'armée israélienne.

La controverse se poursuit

La controverse sur les circonstances de l'assaut de lundi matin, qui a fait neuf morts chez les militants, s'est poursuivie hier. Des militants allemands relâchés mardi matin par Israël ont déclaré, à leur arrivée à Berlin, que les soldats avaient tiré sans provocation. Députée israélienne arabe, Haneen Zuabi était sur l'un des navires, mais n'a pas été arrêtée grâce à son immunité parlementaire. En conférence de presse à Nazareth, elle a déclaré n'avoir vu aucun geste hostile de ses compagnons envers les soldats.

Au cours d'une conférence de presse de Tsahal, un soldat a affirmé être descendu sur le navire turc où ont eu lieu les affrontements armé seulement d'un pistolet à balles de peinture (paintball). «Les militants m'ont cassé le bras», a-t-il dit en entrevue à la BBC. Des dizaines d'autres personnes ont été blessées, dont sept soldats.

«La violence ne faisait pas partie des plans», explique l'un des cofondateurs de l'antenne canadienne de Free Gaza, Laith Marouf, en entrevue avec La Presse à Montréal. «Les gens de Free Gaza qui étaient sur les bateaux ont répliqué parce que leur vie était menacée. C'est humain.» Free Gaza a appelé à une manifestation dans plusieurs villes du monde, dont Montréal, vendredi midi.

Critiques en Israël

Les critiques de l'attaque israélienne sont aussi internes. En entrevue à la BBC, des habitants de Sdérot ont déploré qu'une attaque «bâclée» remette en question le blocus de Gaza, qui, selon eux, leur évite d'être la cible de tirs de roquettes en provenance du territoire palestinien.

Le romancier israélien Amos Oz affirme, dans un essai publié par le New York Times, que le Hamas ne sera jamais défait militairement parce qu'il s'agit d'une «idée», et qu'Israël fait trop confiance à sa puissance militaire. «Un homme armé d'un gros marteau considère chaque problème comme un clou», écrit M. Oz, citant un proverbe juif.

Selon l'AFP, Israël a conseillé à ses ressortissants d'éviter d'aller en Turquie, d'où provenaient la grande majorité des militants que les soldats israéliens ont capturés. Tous seront expulsés d'ici demain soir, dont 120 ressortissants de pays arabes qui seront dirigés vers la Jordanie.

Avec le New York Times, BBC et l'AFP