Israël a expulsé hier les 600 militants qui étaient toujours emprisonnés après le raid sur la flottille civile qui envisageait de briser le blocus de la bande de Gaza. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a jeté de l'huile sur le feu en affirmant que son pays était victime «d'un assaut d'hypocrisie internationale».

«Notre devoir est d'inspecter tous les bateaux qui arrivent. Si nous ne le faisions pas, Gaza deviendrait un port iranien, ce qui constituerait une menace réelle pour la Méditerranée et l'Europe», a déclaré M. Nétanyahou dans un court discours à la télévision. «Ce n'était pas une croisière d'amour, c'était une croisière de haine. Ce n'était pas une opération pacifique, c'était une opération terroriste.»

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, dont un rapport l'an dernier a accusé Israël de «crimes contre l'humanité» pour son assaut contre Gaza au début de 2009, a continué ses débats en vue d'une autre enquête sur l'État hébreu.

Selon l'AFP, les pays occidentaux veulent des garanties que l'enquête sera «conforme aux critères internationaux». «Il est évident que le recours à la force par l'armée israélienne a été excessif», a déclaré Kyung-wha Kang, haut commissaire adjoint de l'ONU pour les droits de l'homme, en ouvrant la réunion d'urgence du Conseil.

Des armes

De son côté, l'armée israélienne a annoncé la découverte d'armes sur le principal navire de la flottille civile, qui, selon l'organisme Free Gaza, ne transportait que du matériel d'aide humanitaire. D'après le magazine militaire Jane's, Tsahal a affirmé avoir trouvé des cocktails Molotov et des détonateurs sur le Mavi Marmara, traversier vendu par la Turquie à l'organisme islamiste turc IHH (Fondation turque d'aide humanitaire).

Et selon le Wall Street Journal, un rapport de 2006 d'un groupe de réflexion danois allègue qu'IHH aide au recrutement de combattants musulmans pour les rebelles en Afghanistan, en Bosnie et en Tchétchénie.

Sur la radio publique américaine NPR, un ex-diplomate américain a comparé l'assaut israélien de lundi, qui s'est déroulé en eaux internationales, à un braquage de domicile par des étrangers armés contre qui il est légitime de se défendre.

Les militants qui sont rentrés chez eux ont livré leur témoignage à leurs médias nationaux durant toute la journée.

Balles de peinture

Deux Britanniques d'origine palestinienne ont confié à la BBC que les dirigeants de Free Gaza ont demandé à la flottille de faire marche arrière quand les navires de guerre israéliens se sont approchés, mais que les capitaines des navires ne les ont pas écoutés. Ils ont aussi confirmé que les soldats israéliens ont utilisé initialement des balles de peinture et de caoutchouc. D'autres ont affirmé à la BBC avoir été «humiliés» durant leur emprisonnement et ont précisé que certains militants ont refusé les bouteilles d'eau que leur ont remises leurs geôliers parce que les étiquettes étaient en hébreu.

Unité d'élite

Les critiques israéliennes de l'opération, qui a fait neuf morts, ont continué.

Un journaliste spécialiste des questions militaires du quotidien Haaretz, Ronen Bergman, a relevé dans un essai publié par le Wall Street Journal que la marine israélienne avait, par le passé, inspecté des navires civils tentant de briser le blocus de Gaza pour vérifier qu'aucune arme ne se cachait parmi le matériel humanitaire, mais que, cette fois-ci, la tâche avait été inexplicablement confiée à une unité d'élite qui n'était pas formée au contrôle des foules. Selon M. Bergman, cela signifie que Tsahal a cessé d'essayer de gagner la bataille de l'opinion publique, une «fatigue d'assiégée» qui pourrait être funeste si Israël décidait de punir ses ennemis sans mettre de gants blancs.

Avec AFP, AP, The New York Times, NPR, BBC, The Wall Street Journal