Le prix Nobel de chimie 2013 a été décerné mercredi à l'Austro-américain Martin Karplus, l'Américano-britannique Michael Levitt et l'Israélo-américain Arieh Warshel, pionniers de la modélisation informatique des réactions chimiques.

Les trois chercheurs sont récompensés «pour le développement de modèles multi-échelle pour les systèmes chimiques complexes», a indiqué le jury dans un communiqué.

MM. Karplus, 83 ans, Levitt, 66 ans, et Warshel, 72 ans, ont réussi à faire cohabiter dans l'étude des processus chimiques, et donc dans les logiciels qui s'appuient sur leurs travaux, la physique classique newtonienne avec la physique quantique, qui répond à des règles fondamentalement différentes.

Les applications sont illimitées, non seulement pour les chercheurs, mais aussi pour les ingénieurs et l'industrie.

«La connaissance détaillée des processus chimiques permet d'optimiser les catalyseurs, les médicaments et les cellules photovoltaïques», a relevé par exemple l'Académie royale des sciences.

Tous trois travaillent aux États-Unis.

M. Karplus est professeur conventionné à l'université de Strasbourg (France) et professeur à Harvard. Il a rejoint les Etats-Unis dès l'âge de huit ans, lors de l'Anschluss en 1938, indique-t-il sur un site internet où il expose ses photographies.

M. Levitt, né Britannique en Afrique du Sud, est professeur à l'université de Stanford.

M. Warshel, né dans un kibboutz en 1940, à une époque où le territoire actuel d'Israël était sous mandat britannique, est rattaché à l'université de South California.

Leurs travaux ont fait faire un énorme pas en avant à la chimie expérimentale.

«Les chimistes créaient autrefois des modèles de molécules en recourant à des boules de plastiques et des bâtons. Aujourd'hui, la modélisation se fait sur ordinateur», explique l'Académie royale des sciences dans son communiqué.

«Les modèles informatiques qui reproduisent la vie réelle sont devenus cruciaux pour la plupart des avancées dans la chime aujourd'hui», ajoute-t-elle, expliquant que «l'ordinateur est un outil tout aussi important pour les chimistes que l'éprouvette».

«Les simulations sont si réalistes qu'elles prédisent le résultat des expériences traditionnelles». Et «dans les années 1970, Martin Karplus, Michael Levitt et Arieh Warshel ont posé les bases des programmes puissants qui sont utilisés pour comprendre et prédire les processus», souligne l'Académie.

M. Karplus a développé ce qu'on appelle «l'équation Karplus», utilisée notamment dans la résonance magnétique nucléaire (RNM), un phénomène servant en chimie, en physique des matériaux et surtout en médecine avec la célèbre imagerie par résonance magnétique (IRM).

Quant à MM. Levitt et Warshel, ils ont été les premiers à publier, en 1976, la simulation informatique d'une réaction enzymatique, les protéines qui régissent la quasi-totalité des réactions chimiques au sein des cellules vivantes.

Les trois lauréats recevront leur prix le 10 décembre à Stockholm. Ils se partageront 8 millions de couronnes.

Ils succèdent aux Américains Robert Lefkowitz et Brian Kobilka, lauréats 2012.

Le prix de chimie est le dernier des Nobel remis en sciences dures, après la médecine lundi et la physique mardi. Le prix de littérature doit être décerné jeudi, celui de la paix vendredi et celui d'économie lundi.