Qu'ont en commun Oprah Winfrey, Barack Obama et Joe le plombier ? À la fois peu et beaucoup. Lorsqu'on évoque l'élection présidentielle américaine de mardi, leurs noms remontent en effet spontanément à la surface. Ceux de bien d'autres personnalités aussi, sans compter divers épisodes - pas tous très sérieux - vécus pendant l'interminable course à la Maison-Blanche qui s'achève. Nous en avons fait un abécédaire qui, sous une présentation ludique, remet bien des choses à leur place.

A

Axelrod

Le slogan «Change», c'est lui. David Axelrod, ancien journaliste devenu stratège démocrate, a créé l'image d'Obama et n'a jamais dévié du plan de campagne. Les rumeurs lui donnent une place importante à la Maison-Blanche en cas de victoire.

B

Bébé

Celui de Sarah Palin, atteint de trisomie, celui de sa fille Bristol, âgée de 17 ans... Les républicains sont farouchement pro-vie et, pour les électeurs, ça compte.

C

Coupable...

... par association ? Dans les années 70, Bill Ayers a posé des bombes pour une organisation radicale d'extrême gauche. Trente ans plus tard, devenu professeur à l'Université de l'Illinois, à Chicago, il a dirigé un organisme avec Barack Obama. Bingo ! Obama « a travaillé étroitement avec le terroriste américain Bill Ayers », ont dénoncé les républicains. Les démocrates ont simplement rappelé qu'Ayers s'était assagi depuis longtemps... et qu'Obama n'était âgé que de 8 ans quand Ayers jouait avec ses explosifs.

D

Drill, baby, drill !

L'un des slogans les plus marquants de la campagne républicaine. Lancée par l'ancien lieutenant-gouverneur du Maryland Michael Steele lors de la convention républicaine, l'expression notait l'urgence pour les États-Unis de se libérer de leur dépendance au pétrole du Moyen-Orient en forant leurs propres puits.



E


Eggleston

Cody J. Eggleston, 21 ans, natif de Eugene, en Oregon, est mort dimanche dernier. C'est le 4188 e soldat américain mort en Irak depuis 2003. Les républicains veulent «gagner la guerre en Irak» sans parler d'un calendrier de retrait des troupes. Les démocrates plaident pour un retrait planifié et progressif des troupes en 16 mois.

F

Fumeur

Barack Obama fume (il essaie d'arrêter), mais ça ne l'empêche pas d'être en «excellente santé», proclame son médecin, qui n'a cependant pas rendu public le bilan de santé du candidat. John McCain, par contre, a dévoilé des milliers de pages de ses antécédents médicaux, depuis le détail des blessures qu'il a subies au Vietnam jusqu'au récent cancer de la peau qu'il a combattu avec succès. L'âge de John McCain - 72 ans - inspire la confiance tout autant que l'incrédulité. Tiendra-t-il vraiment le coup pendant quatre ans ? se demandent les Américains.

G

Gustav

Du nom de l'ouragan qui a frappé le sud-est des États-Unis cet été. Dans la crainte d'un nouveau Katrina, ce désastre dont la gestion maladroite pèse lourd dans le bilan de l'administration Bush, les républicains ont carrément suspendu leur convention par respect pour les sinistrés.

H

Hmmmm...

La réponse de Sarah Palin à la journaliste Katie Couric lors d'une entrevue fort médiatisée à CBS. La question était : outre la décision sur la légalisation de l'avortement, avec quelle autre décision de la Cour suprême êtes-vous en désaccord ? Au lieu de répondre franchement et sans détour qu'elle ne savait pas, la colistière s'est enfoncée dans une réponse vaseuse qui n'a impressionné personne... Sauf ses détracteurs, qui n'en attendaient pas tant.

I

Insultes

«Socialiste !» ont lancé les républicains à propos du désir d'Obama de mieux répartir la richesse. «Caribou Barbie !» ont raillé les détracteurs de Sarah Palin. «Terroriste !» sous-entendent les républicains à propos des liens (ténus) entre Obama et Bill Ayers (voir lettre C). «Kill him !» a férocement lancé un militant républicain à l'endroit d'Obama. «Celui-là ! (That one !)» a laissé tomber John McCain en montrant du doigt Obama durant un débat. Et puis quoi encore ?

J

Joe le plombier

Il existe pour vrai : Samuel Joseph Wurzelbacher, un plombier de l'Ohio qui désire avoir sa propre entreprise, s'est plaint à Barack Obama du fait que son plan d'imposition allait l'empêcher de réaliser son rêve. John McCain en a profité lors du dernier débat des chefs. «Joe, je veux vous dire que non seulement je vous aiderai à acheter cette entreprise, mais que je vous fournirai aussi, à vous et à vos employés, des soins médicaux abordables.» Cette semaine, Joe le plombier a donné son appui à McCain.

K

Kennedy

«Je me rappelle une autre époque, dans les années 60, quand je suis arrivé au Sénat à l'âge de 30 ans. Nous avions un nouveau président qui invitait le pays, et particulièrement les jeunes, à rechercher une nouvelle frontière. (...) Le moment est venu pour une nouvelle génération.» Ted Kennedy, frère de John F. et de Robert, a accordé son soutien à Obama juste avant le «supermardi» des élections primaires. Caroline, fille de John F., a fait de même cette semaine.

L

Langue

Celle que John McCain a tirée à plusieurs reprises durant la campagne, dont deux fois lors du troisième débat. La blogo¬sphère s'est régalée.

M

Maisons

«Combien de maisons avez-vous ?» ont demandé des journalistes à John McCain. «Je ne suis pas certain, je vais demander à mon personnel de vous rappeler», a répondu le candidat républicain. La bonne réponse serait sept, dont plusieurs appartiennent à sa femme, riche héritière d'un brasseur de l'Arizona. Réplique des démocrates : il n'a certainement pas besoin de la Maison-Blanche en plus.

N

Neiman Marcus

Nous n'y sommes jamais allé, mais Sarah Palin, oui ! Elle a même dépensé 75 062,63 $ en vêtements dans cette boutique haut de gamme de Minneapolis. C'est la part la plus importante faite en un seul endroit des 150 000 $ qu'ont dépensé les républicains pour habiller et coiffer celle qui se décrit comme une femme ordinaire qui magasine chez Wal-Mart. Les hockey moms n'étaient pas contentes.

O

Oprah Winfrey

L'extraordinairement influente animatrice de télé a publiquement annoncé son soutien à la candidature d'Obama à la présidence dès 2007. L'appui de la populaire animatrice aurait apporté un million de votes supplémentaires à Barack Obama. Depuis le début de la campagne présidentielle, elle aurait refusé de recevoir Sarah Palin à son émission - et tout autre démocrate, d'ailleurs - pour ne pas s'aliéner une partie de son auditoire.



P


Powell, Colin

Il avait pourtant donné des sous à la campagne de McCain... mais il a finalement appuyé Obama ! Le républicain Colin Powell, ex-secrétaire d'État de Bush, ancien chef des armées, a déclaré que le candidat démocrate était «prêt à diriger le pays» en raison «de sa capacité d'inspirer, de son sang-froid et du caractère rassembleur de sa campagne». Obama lui a renvoyé l'ascenseur : s'il est élu, il fera de Powell l'un de ses conseillers.

Q

Qui ?

Mais qui est vraiment Obama ? C'est la question lancée par les républicains cet automne. Son père est kényan, sa mère s'est remariée avec un Indonésien musulman, il a «frayé» avec des poseurs de bombes, son pasteur et mentor a maudit l'Amérique... Pas clair, tout ça, laissent entendre McCain et ses troupes.

R

Renvoyé !

Un fonctionnaire, Walt Monegan, a refusé de mettre à la porte un agent de la police de l'État (state trooper) coincé dans une procédure de divorce... avec la soeur de Sarah Palin. La gouverneure de l'Alaska n'a pas apprécié et a renvoyé le fonctionnaire. Le «Troopergate» est revenu la hanter : il y a trois semaines, un rapport l'a accusée d'avoir «trompé la confiance» de ses concitoyens.

S

Sincérité ?

«Dites-leur qu'Hillary vous invite à voter pour Barack Obama», a lancé Hillary Clinton aux militants floridiens, il y a deux semaines. Malgré tout, l'enthousiasme de Bill et Hillary Clinton a été jugé tiède au cours des derniers mois. La sénatrice s'en défend : elle aurait participé à 65 «événements» de la campagne Obama, soit plus que tous les autres candidats à l'investiture réunis. Contredit par le site internet Politico.com, l'entourage de Mme Clinton a admis qu'il vaudrait mieux parler d'«activités» en général que d'apparitions sur scène, nettement moins nombreuses qu'elle le sous-entend...

T

Toot

Surnom de la grand-mère hawaiienne de Barack Obama, Madelyn Dunham, 85 ans, qui l'a élevé lorsque sa mère était à l'étranger. Obama a suspendu sa campagne pour se rendre à son chevet il y a 10 jours. Grand-maman Dunham, malgré son petit-fils noir, n'est pas sans préjugés raciaux, a déjà admis Obama. «Elle avait peur des hommes noirs qui la dépassaient dans la rue.»

U

United Trinity Church

Le pasteur Jeremiah Wright, mentor d'Obama, a «maudit» publiquement l'Amérique. Le candidat démocrate a dû rompre avec son Église. Depuis, le fait qu'il ne soit rattaché à aucune institution religieuse est suspect aux yeux de certains évangéliques.

V

Vietnam

Le récit de guerre du commandant John McCain est aussi fascinant qu'il donne froid dans le dos. Son avion abattu par un missile, il est parachuté dans un lac, bras et jambe cassés, puis sauvé de la noyade par des Nord-Vietnamiens qui lui transpercent ensuite l'épaule à la baïonnette. Il reste prisonnier cinq ans et demi, est régulièrement battu, fait de fausses confessions antiaméricaines sous la torture, tout en refusant d'être libéré sans ses camarades. Brrr.

W

George W. Bush

Pas très bienvenu dans cette campagne. Même du côté des républicains. Personne n'a envie d'être associé au président le moins populaire de l'histoire.

X

Le fameux X

Combien pour Obama, combien pour McCain ? Et surtout, combien disent qu'ils feront un X à côté du nom d'Obama mais changeront d'idée à la dernière minute ? Les démocrates redoutent l'effet Bradley, du nom de l'aspirant gouverneur de Californie, Tom Bradley, défait en 1982. Les sondages prédisaient pourtant une victoire du politicien noir... Hypothèse : les électeurs blancs ne voulaient pas publiquement dire qu'ils ne voteraient pas pour un Noir.

Y

Yes we can

D'abord, il y a eu le discours d'Obama à la suite de sa défaite aux primaires du New Hampshire. « Oui nous pouvons guérir cette nation. Oui nous pouvons réparer ce monde. Yes we can. » Puis, il y a eu la musique de will.i.am des Black Eyed Peas et un clip sur YouTube. Et voilà, un nouvel hymne était né.

Z

Zéro

Un certain nombre ont été perdus dans la crise financière qui a éclipsé tous les autres enjeux, même la sécurité nationale. À croire que la sécurité du bas de laine passe avant celle des frontières...

Avec la collaboration d'André Duchesne et d'Alexandre Sirois