Les républicains sont déjà prêts à contester les résultats de l'élection présidentielle américaine face aux chances de victoire du démocrate Barack Obama et des accusations de fraude ont commencé à fleurir notamment dans l'Ohio, Etat clef où s'est joué l'élection en 2004.

Ces accusations surgissent alors que, selon des données partielles, quelque 9 millions de nouveaux électeurs se sont enregistrés sur les listes électorales.

Pour les républicains, de nombreux électeurs fictifs figurent parmi ces nouveaux inscrits. Mercredi, le candidat républicain John McCain a mis en cause l'association ACORN (Association of Community Organizations for Reform Now) qui s'enorgueillit d'avoir enregistré à elle seule 1,3 million de nouveaux électeurs, en particulier des jeunes, des pauvres et des membres des minorités ethniques.

Le sénateur de l'Arizona a accusé cette association d'être «sur le point de perpétrer l'une des opérations de fraude électorale les plus importantes de l'histoire» des Etats-Unis.

Le directeur de la campagne de M. McCain, Rick Davis a cru déceler vendredi «une nuée de soupçon» sur l'équité du processus électoral et dénoncé «une fraude endémique» qui pourrait peser, selon lui, sur le résultat de l'élection.

Le FBI, la police fédérale américaine, a ouvert une enquête sur ces allégations de fraude.

ACORN, une association née de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960, est soupçonnée d'avoir falsifié des milliers de formulaires d'inscription sur les listes électorales, créant plusieurs formulaires sous un seul nom, utilisant des adresses ou des noms fictifs ou postulant pour des personnes décédées.

Parmi les noms fantaisistes relevés figurent Mickey Mouse ou Benjamin Franklin.

L'association qui ne consteste pas certaines fautes a indiqué avoir limogé les employés impliqués dans ces manipulations et l'organisation affirme que le taux d'erreur dans les formulaires d'inscription est inférieur à 1%.

ACORN a souligné que, légalement, elle n'était pas en mesure de détruire les formulaires qu'elle jugeait douteux.

L'association envoie les formulaires qu'elle a récolté aux autorités compétentes de chaque Etat. Ce sont les autorités locales qui valident ou non les inscriptions des nouveaux électeurs sur les listes électorales.

«Les attaques contre ACORN sont un moyen de détourner l'attention et d'intimider les électeurs», a estimé Wade Henderson, président de la Conférence pour les droits civiques, au cours d'un entretien avec l'AFP.

Tous les républicains ne croient pas à l'existence d'une fraude massive. Charlie Crist, le gouverneur républicain de Floride, un Etat célèbre pour l'imbroglio électoral de 2000, a estimé que les soupçons de fraude étaient largement exagérés par certains de ses amis républicains qui, a-t-il dit, semblent apprécier un certain «chaos».

Les démocrates soupçonnent de leur côté les républicains de vouloir purger drastiquement les listes électorales au nom du principe «no match, no vote» qui consiste à retirer le droit de vote aux électeurs dont certaines informations personnelles ne correspondent pas aux bases de données officielles. Or, ces bases de données seraient criblées d'erreurs et jusqu'à 20% des nouveaux électeurs pourraient être pénalisés en cas d'application stricte de ce système.

Les victimes d'une saisie immobilière pourraient ainsi être privées de leur droit de vote parce qu'enregistrées à d'anciennes adresses.

La cour suprême des Etats-Unis a donné raison vendredi aux autorités démocrates de l'Ohio en refusant une demande du parti républicain de vérifier systématiquement toutes les nouvelles inscriptions sur les listes électorales avant l'élection. 600 000 nouveaux électeurs sont enregistrés dans l'Ohio.

Le New York Times a publié récemment une enquête révélant des «dizaines de milliers» de purges illégales dans au moins neuf Etats.