À un mois de l'élection présidentielle, Barack Obama est confortablement installé au sommet des sondages, les électeurs américains sont surtout préoccupés par la crise financière, un sujet qui profite davantage au candidat démocrate. Bref, le sénateur de l'Illinois semble s'approcher lentement mais sûrement de la Maison-Blanche. Un statu quo sur les bases actuelles bénéficierait immanquablement à Barack Obama, qui mène au score, c'est donc à son rival républicain John McCain de faire le jeu, de reprendre la main, d'inverser la tendance. Mais le sénateur de l'Arizona dispose de peu de cartes dans son jeu.

McCain, selon son entourage, a bien compris l'enjeu de l'ultime mois de campagne et a l'intention de durcir ses attaques dans les jours qui viennent avec un message plus agressif et plus ciblé afin d'éclairer les électeurs sur «qui est vraiment Obama», un message qui n'hésitera pas à critiquer la personnalité du candidat démocrate, son bilan «libéral» (trop à gauche, aux yeux des républicains) et ses propositions «trop risquées» pour le pays.

Sa colistière Sarah Palin n'a pas été longue à appliquer les consignes. Elle a ainsi accusé samedi Barack Obama de «copiner avec des terroristes», mettant en cause ses liens avec Bill Ayers, l'un des fondateurs du Weather Underground, ce groupe de jeunes intellectuels radicaux qui avaient commis plusieurs attentats dans les années 60. M. Obama, qui était enfant à l'époque, a certes cotoyé Bill Ayers des années plus tard au sein au sein d'une même oeuvre de charité, mais il a critiqué ses actes passés.

Pour sa part, le candidat démocrate, selon ses conseillers, va tenter de démontrer aux électeurs que McCain est incapable d'articuler une vision économique réellement différente de celle du président sortant George W. Bush, dont la politique est en partie responsable, selon le camp démocrate, de l'actuelle crise financière. Le sénateur de l'Illinois va notamment s'en prendre aux mesures «radicales» préconisées par le candidat républicain en matière de régime de santé.

Le débat télévisé qui a opposé jeudi soir les deux colistiers, le démocrate Joe Biden et la républicaine Sarah Palin, n'a pas fondamentalement changé la donne. La gouverneure de l'Alaska s'en est certes sortie sans faire de gaffes, a sans doute amélioré son image, a peut-être stoppé l'hémorragie d'intentions de vote dont semblait victime le ticket républicain, mais n'a pas réussi, selon les derniers sondages, à inverser la vapeur.

Ce qui veut dire que la campagne, après cette parenthèse, va revenir au face-à-face Obama-McCain pour vraisemblablement ne plus le quitter jusqu'au 4 novembre. Et la prochaine étape de ce duel se profile déjà avec le deuxième débat télévisé qui opposera mardi soir les deux candidats à Nashville.

La tonalité qui se dégage actuellement de chacun des deux camps est la suivante: côté démocrate, on se montre relativement confiant, quoique nerveux, sur les chances de leur champion de conserver l'avantage pendant encore un mois tandis que, côté républicain, on s'avoue quelque peu inquiet de voir la campagne échapper au contrôle de McCain dans les circonstances exceptionnelles actuelles, tout en gardant bon espoir de voir le vétéran de la politique créer la surprise, comme il l'a fait lors de la primaire républicaine.

Les deux camps notent que beaucoup de choses peuvent changer en un mois.

La bataille électorale se jouera probablement dans une douzaine d'États aujourd'hui indécis. À l'heure actuelle, les sondages montrent que McCain est soit à égalité soit à la traîne dans au moins dix d'entre eux: Colorado, Floride, Indiana, Iowa, Missouri, Nouveau-Mexique, Nevada, Caroline du Nord, Ohio et Virginie, autant d'États où le candidat républicain tente de contrecarrer les efforts agressifs du camp démocrate mêlant rafales de spots publicitaires et bénévolat actif.

McCain a choisi de faire campagne dans seulement cinq États que le candidat démocrate John Kerry avait remportés en 2004: Pennsylvanie, Wisconsin, Minnesota, New Hampshire et Maine. Pour l'instant, il est devancé par Obama dans ces cinq États.

Jeudi dernier, le candidat républicain a décidé de jeter l'éponge dans le Michigan, un État qui «rapporte» pourtant 17 grands électeurs à son vainqueur. Mais, dans cet État du nord-est des États-Unis plus touché que d'autres par le chômage, McCain est devancé de plus de dix points par Obama et il a donc renoncé à inverser la tendance.

En privé, certains républicains proches de l'équipe de campagne de McCain craignent qu'Obama ne soit en train de prendre le large pour de bon. D'autres sont moins pessimistes. Mais tous sont d'accord sur un point: face à la tourmente actuelle, McCain a moins de chances de reprendre la main, et les deux derniers débats télévisés seront donc cruciaux.