Le ticket républicain McCain-Palin qui se définit comme une équipe de «franc-tireurs» vient d'inaugurer une nouvelle ère dans la course à la Maison Blanche avec de vives attaques contre le candidat démocrate, pour tenter d'éloigner le débat des préoccupations économiques.

«Quand allez-vous enlever les gants?», avait demandé une supportrice jeudi à John McCain qui tenait un meeting à Denver.

Le candidat avait souri avant de répondre: «que diriez-vous de mardi soir?», en faisant allusion au deuxième débat télévisé qui doit l'opposer à Nashville (Tennessee) au démocrate Barack Obama. Le républicain avait toutefois modéré ses paroles en disant qu'il respectait son adversaire.

Samedi, Sarah Palin a franchi un pas supplémentaire en s'en prenant directement à M. Obama qu'elle a taxé d'ami des terroristes.

«Notre adversaire est quelqu'un qui voit l'Amérique semble-t-il comme tellement imparfaite qu'il copine avec des terroristes qui prendraient pour cible leur propre pays», a lancé sans hésitation samedi la colistière de John McCain, lors d'une réunion de collecte de fonds à Englewood (Colorado).

Mme Palin faisait allusion à un article du New York Times sur Bill Ayers un ancien militant contre la guerre du Vietnam qui avait lancé une campagne d'attentats aux Etats-Unis. L'article explique que la route de M. Ayers, devenu professeur, a croisé celle de Barack Obama plus tard dans les années 80.

Avant de lancer cette attaque virulente contre Barack Obama, Mme Palin a précisé que c'était l'un des contributeurs qu'elle était venue solliciter dans le Colorado qui lui avait «soufflé dans l'oreille» qu'elle devait être plus dure envers le camp démocrate.

La nouvelle stratégie du camp McCain, plus agressive, correspond donc à une préoccupation des électeurs républicains, inquiets de la situation de leur candidat dans les sondages.

A un mois de l'élection présidentielle, plusieurs sondages publiés cette semaine placent le démocrate en tête.

Selon le site RealClearPolitics, M. Obama dominait son adversaire dans tous les sondages samedi avec une moyenne de 49,3% d'intentions de vote contre 43,4% pour M. McCain.

Cette baisse de popularité de John McCain est survenue en même temps que la crise financière, soulignant l'avantage de Barack Obama en terme de crédibilité sur les questions économiques.

La promulgation vendredi du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars pour venir en aide au secteur financier, approuvé par le Congrès après plusieurs jours de tergiversations, pourrait donc représenter une précieuse bouffée d'air pour le candidat.

«Nous avons hâte de tourner la page de la crise et de pouvoir discuter à nouveau le bilan très à gauche, agressivement à gauche de M. Obama et de quelle façon il serait trop dangereux pour les Américains», a reconnu Greg Strimple, un conseiller de John McCain vendredi lors d'une conférence de presse téléphonique.

Dans l'entourage de M. Obama samedi, on a qualifié l'attaque de Mme Palin de «désespérée et fausse».

De son côté, John McCain n'est pas encore directement passé à l'offensive. Retiré depuis vendredi soir dans sa propriété de Sedona (Arizona, sud-ouest), il se prépare au débat qui doit l'opposer mardi soir à Barack Obama.

Pendant ce temps, Sarah Palin, comme en service commandé, occupe le terrain. Après le Colorado, elle s'est rendue à Carson (Californie, ouest) pour un meeting. Elle doit tenir un autre rassemblement lundi en Floride.

emp/jr