La républicaine Sarah Palin connaît actuellement un succès monstre à Chicago, ville où le démocrate Barack Obama règne pourtant en maître.

Mais ce n'est pas en raison de sa performance lors du débat contre le sénateur Joe Biden jeudi soir.

Vraiment pas, en fait.

Palin est sous les projecteurs bien malgré elle à Chicago. Elle est en vedette sur une toile où on l'aperçoit, souriante, une arme à feu à la main et une peau d'ours polaire sous les pieds.

 

Une toile où elle figure... nue. Elle ne porte que ses lunettes et les souliers rouges à talons hauts qu'elle avait chaussés à la convention républicaine et qui avaient tant fait jaser.

Cette oeuvre d'art est exposée depuis la semaine dernière à la Old Town Ale House, à quelques minutes du centre-ville. Ce qui a bien sûr provoqué une ruée vers ce petit pub de quartier.

«C'est certainement ironique!» lance Bruce Elliott, l'auteur de l'oeuvre, lorsqu'on lui fait remarquer qu'il fait de la publicité gratuite à la gouverneure de l'Alaska.

«Cela dit, je ne pense pas qu'elle récoltera des votes à cause de moi», prend soin de préciser ce sexagénaire iconoclaste.

Attraction touristique

Elliott, ancien chauffeur de taxi, peint depuis plusieurs années et expose ses oeuvres sur les murs de ce pub, qui appartient à sa femme.

«Tout ce que je voulais, c'est divertir les clients de ce bar», raconte cet homme trapu à la voix de stentor, qui semble prendre un malin plaisir à provoquer.

Quelque 200 toiles de son cru sont accrochées sur les murs de l'établissement où on le rencontre. La plupart représentent les visages de clients de l'endroit, mais une quinzaine sont sexuellement explicites.

Ces toiles osées sont mises bien en évidence au-dessus du bar. Et celle où se trouve Palin est au beau milieu de ce musée fort singulier.

Depuis qu'un blogueur a affiché la photo de la toile sur son site web, «des centaines de personnes se sont déplacées pour la voir», explique M. Elliott. «Ça ne peut pas être mauvais pour les affaires», ajoute-t-il.

Les médias se montrent aussi intéressés que le grand public. Le Chicago Tribune, quotidien de référence de la ville, a consacré un article à la toile en page 3. Et le téléphone du pub ne dérougit pas.

Droit à la satire

Hier matin, lors de notre passage à la Old Town Ale House, notre entrevue a été interrompue pendant plusieurs minutes, de façon impromptue. Une station de radio du Missouri voulait questionner l'artiste en direct, sur-le-champ.

Les échanges ont été musclés. L'animateur de radio ne la trouvait pas drôle. Ce qui n'a pas étonné outre mesure M. Elliott. Même si bon nombre de gens se pressent pour voir la toile, certains sont en colère.

«Nous avons reçu une centaine de menaces de mort», indique le peintre. Il réplique que sont les républicains qui ont «sexualisé» la gouverneure de l'Alaska lors de leur convention. Et il revendique le droit à la «satire».

Sans compter que, s'il trouve Sarah Palin «attirante», il ne la porte pas dans son coeur. «Elle ne croit pas au réchauffement de la planète ni à la théorie de l'évolution. Elle a voulu mettre des livres à l'index dans une bibliothèque, lance-t-il. Je suis en désaccord avec elle sur tout.»