L'économie, premier sujet d'inquiétude des électeurs américains, a été au coeur de l'unique débat télévisé entre les candidats à la vice-présidence des Etats-Unis, la républicaine Sarah Palin et le démocrate Joe Biden, jeudi à Saint Louis (Missouri).

Les deux candidats se sont serrés la main et Mme Palin, semblant très à l'aise, a demandé à son adversaire si elle pouvait l'appeler «Joe».

A 33 jours de l'élection présidentielle du 4 novembre, le débat fait figure de test de crédibilité pour Mme Palin, qui, à 44 ans, gouverne l'Etat d'Alaska depuis à peine deux ans.

Les deux candidats évitaient de se mettre en avant, préférant citer les mérites de leur colistier. La gouverneure de l'Alaska a présenté M. McCain comme un réformateur malheureusement, a-t-elle dit, en se tournant ostensiblement vers M. Biden, peu écouté au Sénat. M. Biden siège au Sénat depuis 1972.

Le sénateur du Delaware a critiqué l'administration Bush affirmant que les Etats-Unis souffraient de «la pire crise économique que nous ayons connu».

Défendant son image d'Américaine ordinaire, Mme Palin a affirmé que pour comprendre la situation, il suffisait d'accompagner ses enfants à des parties de football et d'écouter leurs parents.

Semblant s'adresser directement aux Américains, elle regardait les télespectateurs droit dans les yeux, sans répondre aux questions de la journaliste.

Selon un sondage Washington Post-ABC News publié jeudi, 60% des électeurs estiment que Mme Palin n'a pas l'expérience nécessaire pour remplacer en cas de besoin son colistier, John McCain, 72 ans, s'il est élu à la Maison Blanche.

Son adversaire démocrate, Joe Biden, 65 ans, préside la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat.

Désigné fin août par le candidat Barack Obama, il souffre d'une réputation de gaffeur. Il devait éviter de se montrer condescendant à l'égard de sa rivale qui pourrait devenir la première femme à devenir vice-présidente des Etats-Unis.

S'il apparaissait comme un donneur de leçons et arrogant, M. Biden, 65 ans, pourrait contribuer à ranimer le sentiment «anti-élitiste» sur lequel Sarah Palin, qui se présente comme une Américaine moyenne, continue de miser.

Barack Obama a appelé son colistier une heure avant le début du débat.

Les colistiers de Barack Obama et John McCain se tenaient debout chacun derrière un pupitre dressé sur la scène d'un amphithéâtre et devaient être interrogés à tour de rôle par une journaliste de la chaîne publique PBS. Aucun échange direct n'est prévu entre les deux candidats.

Ce débat, prévu pour durer 90 minutes est retransmis sur la plupart des grands réseaux télévisés américains. Il survient alors que les sondages sont en berne dans le camp républicain où des appels au retrait de Mme Palin ont été enregistrés.

«Au cas où cela vous aurait échappé, Sarah Palin va participer à un débat ce soir», a déclaré M. McCain quelques heures avant, au cours d'une réunion à Denver (Colorado, ouest). «Je ne peux pas vous dire à quel point je suis fier d'elle», a-t-il ajouté devant une assemblée féminine réunie dans une salle de bal d'un grand hôtel.

Mme Palin «est extrêmement bonne dans les débats», a indiqué de son côté le directeur de campagne de Barack Obama, David Plouffe interrogé dans l'avion qui conduisait M. Biden à Saint Louis. «Nous nous attendons à ce qu'elle se montre pleine d'esprit et incisive», a-t-il dit.

Depuis sa nomination sur le ticket républicain, le 29 août, Mme Palin n'a accordé que quatre entretiens à des chaînes de télévision, dont un qui se limitait à une seule question. Elle est apparue hésitante et parfois assez confuse dans ses réponses.

Ces derniers jours, Mme Palin s'est préparée au débat dans le ranch de John McCain à Sedona (Arizona).