Une nouvelle rencontre entre Israéliens et Palestiniens, sous médiation américaine, s'est tenue jeudi pour tenter de surmonter la crise des pourparlers de paix plombés par un cycle d'actions antagonistes de part et d'autre.

Elle a réuni à Jérusalem, côté israélien, la ministre de la Justice Tzipi Livni et l'avocat Yitzhak Molcho, représentant personnel du premier ministre Benyamin Nétanyahou, et, côté palestinien, le négociateur Saëb Erakat et le chef des services de renseignement Majed Faraj, a précisé à l'AFP une source palestinienne proche du dossier.

Lors de ces entretiens de plusieurs heures, sous les auspices de l'émissaire américain Martin Indyk, la délégation palestinienne entendait se concentrer sur la libération du quatrième et dernier contingent de prisonniers prévu dans l'accord de juillet et dont le blocage par Israël a plongé les pourparlers de paix dans la crise.

La radio militaire israélienne s'est contentée de confirmer cette réunion tripartite sous l'égide de M. Indyk.

Du côté américain, le département d'État s'est félicité de «négociations intenses» à trois. «Les écarts se réduisent, mais il est prématuré à l'heure qu'il est de spéculer sur un accord», a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Jennifer Psaki.

Elle a précisé que le médiateur Indyk allait rentrer à Washington dans les prochains jours pour des «consultations», mais qu'«il retournerait dans la région la semaine prochaine».

Du côté d'Israël, l'État hébreu veut «un retour aux pourparlers et surmonter la crise actuelle», a affirmé à l'AFP un responsable.

«Nous pensons que les Palestiniens devraient revenir sur leurs actions à l'ONU, parce que c'était une violation de leur engagement le plus fondamental», a-t-il ajouté, à propos de la demande d'adhésion de la Palestine à 15 conventions et traités internationaux.

La deuxième chaîne de télévision israélienne, citant «des sources à Washington», a rapporté qu'un accord serait en vue pour prolonger les négociations au-delà de l'échéance du 29 avril.

«Selon ces sources, l'accord mentionnera à nouveau la libération de prisonniers palestiniens, y compris des Arabes israéliens, en échange de la libération de l'espion juif américain Jonathan Pollard», a précisé la chaîne.

La télévision a ensuite cité une source israélienne selon laquelle la délégation israélienne aurait exigé jeudi la libération de M. Pollard et la déchéance de nationalité pour les prisonniers arabes israéliens libérés.

À Washington, un responsable américain a rétorqué que ces «informations étaient incorrectes», sans autre précision.

Israël réclame en vain depuis des années une grâce pour Jonathan Pollard, ancien analyste de la marine américaine condamné en 1987 à la prison à perpétuité pour espionnage au profit de l'État hébreu, qui n'a reconnu son implication qu'en 1998.

Mardi, le secrétaire d'État américain John Kerry avait critiqué les récentes décisions des deux parties, mais s'en était pris plus particulièrement à Israël, déplorant l'enchaînement déclenché par la non-libération des prisonniers.

Selon l'entente conclue en juillet 2013 sous l'égide de M. Kerry, Israël s'était engagé à libérer en quatre phases 104 prisonniers incarcérés avant 1993.

En contrepartie, la direction palestinienne avait consenti à suspendre jusqu'à la fin des pourparlers toute démarche d'adhésion aux organisations internationales, y compris les instances judiciaires à compétence mondiale susceptibles de poursuivre Israël.

Les pourparlers de paix relancés les 29 et 30 juillet 2013 après trois ans de suspension ont apparemment piétiné sur l'ensemble des questions au coeur du conflit: les frontières, les colonies, la sécurité, le statut de Jérusalem et les réfugiés palestiniens.

Les demandes d'adhésion des Palestiniens à 13 traités acceptées

L'ONU a annoncé jeudi avoir jugé conformes aux procédures internationales les demandes palestiniennes d'adhésion à 13 traités ou conventions internationales dont les Nations unies sont dépositaires.

Ces demandes avaient été transmises au secrétariat général de l'ONU le 2 avril dernier par le représentant palestinien à l'ONU, Riyad Mansour. Les services juridiques de l'ONU «ont déterminé que les instruments (d'adhésion) reçus étaient rédigés en bonne et due forme, avant de les accepter pour dépôt», a expliqué le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

Conformément à la procédure, la section des traités de l'ONU en a également informé les États membres.

La responsabilité du secrétariat général de l'ONU en la matière est «de nature administrative», a souligné M. Dujarric: «Il appartient à chaque État membre individuellement de se prononcer sur les problèmes juridiques» que pourraient poser ces adhésions.

Les demandes d'adhésion prennent en principe effet 30 jours après leur dépôt. Les documents publiés sur le site internet de la section des traités mentionnent pour la plupart que la convention ou le traité concerné «entrera en vigueur pour l'État de Palestine le 2 mai 2014». D'autres font référence à des dates ultérieures en mai ou juillet selon les différentes procédures d'adhésion pour chaque traité ou protocole.

Parmi ces traités internationaux auxquels la direction palestinienne a demandé à adhérer figurent les conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires, la convention sur les droits de l'enfant, la convention contre la torture ou celle contre la corruption.

L'autorité palestinienne a par ailleurs demandé à la Suisse de pouvoir adhérer à la 4e Convention de Genève d'août 1949 sur la protection des civils en territoire occupé et à son premier protocole additionnel, et aux Pays-Bas de pouvoir adhérer à la Convention de La Haye d'octobre 1907 sur les lois et coutumes de la guerre sur terre.

Le statut d'État observateur obtenu en novembre 2012 à l'ONU donne aux Palestiniens accès à diverses conventions et organisations internationales.

Une des principales possibilités ouvertes serait d'adhérer au statut de Rome qui a créé la Cour pénale internationale, ce qui permettrait aux Palestiniens de déposer plainte contre Israël, mais la direction palestinienne n'a pas pour l'instant déposé de demande en ce sens.