La confiance dans le processus de paix israélo-palestinien s'est largement érodée au sein des deux opinions publiques depuis les Accords d'Oslo en 1993 et les États-Unis auront du mal à «vendre» leur plan de paix aux deux peuples, pointe une enquête publiée vendredi.

«Il est clair que les 20 dernières années ont ébranlé à la fois la confiance que les Palestiniens et les Israéliens ont dans le processus de paix et leur confiance réciproque dans l'engagement des autres pour la paix», résume ce sondage du centre de recherche américain Zogby, réalisé en août 2013 au Proche-Orient auprès d'échantillons représentatifs de 1000 Palestiniens et 1000 Israéliens.

«Toutes les enquêtes d'opinion montrent une érosion de la confiance dans la paix», tant du côté israélien que palestinien, souligne auprès de l'AFP l'auteur de l'enquête, James Zogby, 20 ans après Oslo.

Ainsi, 61% des Palestiniens interrogés et 54% des Israéliens se souviennent aujourd'hui de leurs «espoirs» lors de la signature des Accords d'Oslo le 13 septembre 1993. «Vingt ans plus tard, seuls 18% des Palestiniens et 19% des Israéliens considèrent qu'Oslo a contribué de manière positive à l'histoire de leurs relations», selon les conclusions du sondage.

Et si 50% des Palestiniens pensent que leur société est engagée vers une solution à deux États, ils estiment que seuls 26% des Israéliens partagent le même objectif. Dans le camp d'en face, 57% des Israéliens croient que leur pays adhère à une solution à deux Etats, mais ils pensent que 28% seulement des Palestiniens ont le même but.

Cette solution à deux États est certes «un résultat désirable» pour 47% des Palestiniens et 74% des Israéliens, mais seulement 34% des uns et 36% des autres pensent que cela est «faisable», relève encore l'enquête du Zogby Research Services présentée à Washington.

Quant aux efforts du secrétaire d'État américain John Kerry pour accoucher d'un «accord-cadre» pour la paix, 41% des Palestiniens «espèrent» un résultat positif ou «sont attentistes». Côté israélien, ils sont 39% à «espérer» et 40% à préférer «vouloir attendre».

Durant sa dernière navette au Proche-Orient début janvier, M. Kerry avait présenté aux deux parties un projet d'«accord-cadre» qui tracerait les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens. Malgré sa détermination, il n'a jusqu'à présent pas convaincu les deux camps de se rallier à un plan de paix.

«Obtenir un accord n'est que la moitié de la bataille, l'autre consiste à le vendre» aux opinions publiques, avertit James Zogby. «C'est un contrat difficile à vendre, les Palestiniens ne l'achètent pas et je ne suis pas sûr que les Israéliens le fassent», déplore l'expert.