Le secrétaire d'État américain John Kerry est revenu dimanche à Jérusalem après un détour par la Jordanie et l'Arabie saoudite, se prévalant du soutien du roi saoudien Abdallah à ses efforts pour élaborer une solution «juste et équilibrée» au conflit israélo-palestinien.

Artisan de la reprise, en juillet 2013, des négociations de paix interrompues près de trois ans, M. Kerry avait reconnu avant son départ pour Amman et Ryad qu'il était impossible de dire quand «les dernières pièces du puzzle pourraient se mettre en place ou tomber par terre, et laisser le puzzle inachevé».

«Je peux assurer à toutes les parties que le président Barack Obama et moi-même sommes déterminés à proposer des idées justes et équilibrées et qui améliorent la sécurité de toutes les populations», avait-il ajouté, après trois jours de tractations difficiles avec Israéliens et Palestiniens.

Mais il est sorti ragaillardi de ses entretiens de trois heures avec le roi Abdallah d'Arabie saoudite, auquel il a rendu un hommage appuyé pour son initiative de paix lancée en 2002, qui «fait partie du cadre que nous avons tenté d'assembler, aussi bien dans son inspiration que sa substance», a-t-il dit.

Le souverain «soutient nos efforts dans l'espoir que nous puissions réussir dans les prochains jours», s'est félicité M. Kerry, qui boucle sa dixième mission dans la région depuis mars.

Auparavant, M. Kerry a rencontré en Jordanie le roi Abdallah II. Le royaume hachémite, gardien des lieux saints musulmans de Jérusalem et deuxième pays arabe à avoir signé la paix avec Israël, est frontalier de la Cisjordanie, censée former la majeure partie d'un futur État palestinien.

Samedi, M. Kerry a noté des «progrès» après des entretiens marathon avec le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas.

Il leur a présenté un projet d'«accord-cadre» traçant les grandes lignes d'un règlement définitif sur les frontières, la sécurité, le statut de Jérusalem et le sort des réfugiés palestiniens.

«Arrangement avec la Ligue arabe»

Les divergences restent très profondes : M. Nétanyahou a accusé la direction palestinienne de manifester son «opposition à la reconnaissance d'Israël comme État juif et à notre droit à être ici».

«Nous ne sommes pas des étrangers à Jérusalem, Beit El ou Hébron», en Cisjordanie occupée, a-t-il argué.

«C'est le problème principal dont nous discutons avec le secrétaire d'État. Parmi les autres questions clés figure la sécurité d'Israël, qui doit bien sûr rester entre les mains d'Israël», a-t-il ajouté.

Israël rejette les propositions américaines de contrôle de la frontière entre un futur État palestinien et la Jordanie, dans la vallée du Jourdain, qui s'appuient sur un éventuel déploiement de systèmes de surveillance sophistiqués.

«La sécurité doit rester entre nos mains. Tous ceux qui proposent une solution consistant à déployer une force internationale, des policiers palestiniens ou des moyens technologiques ne comprennent rien au Moyen-Orient», a dit le ministre des Relations internationales Youval Steinitz, un proche de M. Nétanyahou.

Ce dernier exige qu'un futur État palestinien soit démilitarisé et qu'Israël puisse y maintenir une présence militaire à long terme sur la frontière avec la Jordanie.

A contrario, l'ancien chef du Mossad, le service de renseignements israéliens, Meïr Dagan, a qualifié vendredi de «manipulation des questions de sécurité» l'affirmation selon laquelle «la vallée du Jourdain serait vitale pour la sécurité d'Israël», révèle le quotidien Maariv.

Indiquant partager la méfiance du gouvernement pour l'application d'un accord par les Palestiniens, M. Dagan a plaidé pour «parvenir à une forme d'arrangement en parlant avec la Ligue arabe».

D'après des médias arabes et israéliens, les États-Unis ont aussi proposé un maintien de troupes israéliennes sur cette frontière pendant 10 ou 15 ans, ce que refusent les Palestiniens, prêts en revanche au déploiement d'une force internationale, exclu par Israël.

Un dirigeant palestinien, Yasser Abed Rabbo, a relevé des «discussions sérieuses sur la manière d'avancer», mais prévenu qu'il ne fallait pas s'attendre «à voir quelque chose d'écrit bientôt», faute de «progrès réel» sur les questions les plus épineuses.