Les négociateurs palestiniens aux pourparlers de paix avec Israël ont présenté leur démission pour protester contre la poursuite de la colonisation, mais le président Mahmoud Abbas ne l'a pas acceptée pour le moment, ont annoncé mercredi deux d'entre eux.

Alors que les négociations de paix israélo-palestiniennes sont actuellement dans l'impasse, le secrétaire d'État John Kerry qui était en mission au Proche-Orient la semaine dernière, doit revenir dans la région avant la fin du mois, ont affirmé des sources palestiniennes. Mais cette nouvelle visite n'a pu être confirmée de source israélienne.

«Nous avons présenté notre démission, toute la délégation palestinienne, à cause de l'augmentation de la colonisation et de l'absence d'espoir de parvenir à des résultats», a déclaré à l'AFP le négociateur Mohammad Chtayyeh.

«Jusqu'à présent, le président Abbas n'a pas accepté notre démission et c'est lui qui a l'autorité pour décider», a précisé M. Chtayyeh en ajoutant que ces démissions avaient été remises par écrit et signées.

Un autre membre de la délégation a confirmé cette démission sous le couvert de l'anonymat, soulignant que M. «Abbas dispose de nombreuses options, il peut refuser ou accepter et former une nouvelle délégation, ou demander un nouveau mécanisme de négociations», en référence à des pourparlers indirects sous médiation américaine.

Le chef de la délégation Saëb Erakat, figure parmi les démissionnaires, selon les mêmes sources.

Dans une interview à la chaîne de télévision égyptienne CBC diffusée mardi soir, M. Abbas a affirmé que les négociateurs lui avaient remis leur démission, indiquant qu'il ne l'avait pas acceptée pour le moment.

Selon M. Chtayyeh, «le gouvernement israélien porte l'entière responsabilité de l'échec des négociations en raison de la poursuite de la colonisation et de son escalade» contre les Palestiniens.

Le ministère israélien du Logement a dévoilé mardi un appel d'offres record de 20 000 logements dans les colonies de Cisjordanie occupée, avant que le Premier ministre Benyamin Nétanyahou ne gèle le projet devant le tollé général et les critiques de Washington.

Le 6 novembre, au moment où M. Kerry démarrait une nouvelle tournée au Proche-Orient, un haut responsable palestinien avait fait état du refus des Palestiniens de poursuivre les négociations avec Israël face à «une offensive sans précédent dans les colonies».

A Washington, la porte-parole du département d'État, Jen Psaki, a indiqué que la diplomatie américaine «restait concentrée sur son objectif, à savoir la poursuite des négociations», et s'est félicité que M. Abbas ait réaffirmé sa volonté de les continuer.

«A l'évidence, soit l'équipe (des négociateurs palestiniens) décide de revenir, soit il est nécessaire d'avoir une nouvelle équipe», a-t-elle toutefois admis. «Les deux parties restent engagées (dans le processus de paix). Elles ont réitéré leur engagement la semaine dernière. Nous allons donc continuer».

Les pourparlers de paix, qui ont repris fin juillet après quasiment trois ans d'interruption, se déroulent dans une atmosphère de crise et, malgré une vingtaine de rencontres, courent à l'échec, selon les médias. Ils sont censés déboucher sur un accord définitif au terme de la période de négociations de neuf mois.

Dans un communiqué, le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix, Robert Serry, a réitéré la position du secrétaire général Ban Ki-moon selon laquelle les colonies sont «contre le droit international et un obstacle à la paix».

Il a précisé avoir rencontré séparément les négociateurs israéliens et palestiniens, et avoir pris acte de la décision de M. Netanyahu de stopper la planification de milliers de logements de colons.

A Gaza, le mouvement islamiste Hamas a estimé que «l'annonce de la démission de la délégation aux négociations n'avait pas de sens».

«Ce qu'il faut, c'est arrêter les négociations et non pas changer la délégation», a affirmé un porte-parole du Hamas, Samir Abou Zouhri, en qualifiant la démission des négociateurs palestiniens d'«acte médiatique».