Israël a libéré dans la nuit de mardi à mercredi un nouveau contingent de 26 détenus palestiniens dans le cadre des difficiles négociations de paix en cours sous l'égide des États-Unis.

Mais le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a simultanément décidé d'accélérer la colonisation à Jérusalem-Est, selon la radio militaire israélienne.

Un groupe de 21 détenus relâchés en Cisjordanie a quitté la prison israélienne d'Ofer, près de Jérusalem, à bord de deux minibus aux vitres teintées peu après 01h00 locale, selon un correspondant de l'AFP. Les prisonniers ont ensuite été accueillis par le président palestinien Mahmoud Abbas et leurs familles à la Mouqata'a, le siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah (Cisjordanie).

M. Abbas a assuré qu'il n'y aurait pas d'accord de paix tant qu'un seul Palestinien serait encore emprisonné dans les geôles d'Israël.

Au même moment, cinq autres prisonniers ont été remis en liberté dans la bande de Gaza au milieu de scènes d'allégresse, a constaté l'AFP.

Les 26 Palestiniens, placés en détention avant les accords d'Oslo en 1993, avaient été condamnés dans leur presque totalité à des peines de prison à vie pour le meurtre d'Israéliens.

«La décision de libérer les prisonniers est une des décisions les plus difficiles que j'ai eu à prendre. Elle est injuste car ces terroristes sont relâchés avant d'avoir purgé leur peine. Mon coeur est avec les familles en deuil», avait affirmé lundi le Premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Deux jours avant la reprise des pourparlers de paix israélo-palestiniens le 30 juillet, M. Nétanyahou avait accepté la libération de 104 prisonniers palestiniens, en plusieurs fois, en fonction des progrès des négociations.

La première vague de libérations, qui concernait déjà 26 détenus, avait eu lieu le 13 août.

M. Nétanyahou a expliqué qu'il fallait «tenir compte du poids de la réalité», en faisant allusion à la promesse faite à Washington de relâcher des prisonniers afin de permettre la reprise du dialogue avec les Palestiniens.

«Nous sommes obligés de manoeuvrer sur un front international complexe», a-t-il plaidé en appelant les membres de son gouvernement -- dont certains sont hostiles à la libération de «terroristes palestiniens» -- à avoir «une vision à long terme».

«Pas de progrès tangible»

Le secrétaire d'État américain John Kerry, qui a imposé un black out médiatique sur les pourparlers de paix auxquels il a ramené les deux parties fin juillet, a affirmé le 21 octobre à Paris que les négociations s'intensifiaient, faisant état de 13 rencontres.

Mais un haut dirigeant de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a déclaré mardi que les pourparlers n'avaient «pas fait de progrès tangible», en déplorant que «l'actuelle position de négociation israélienne soit la pire depuis plus de 20 ans».

Israël «veut gagner du temps pour renforcer sa politique de colonisation et imposer une nouvelle réalité sur le terrain. Une telle position est de nature à miner les négociations de paix et détruire toute possibilité d'établir un État palestinien viable», a accusé le négociateur Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'OLP.

Aussitôt après la libération des prisonniers, la radio militaire a annoncé qu'Israël allait construire 1.500 logements dans le quartier de colonisation de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est.

Cette décision -- approuvée par «Bibi» Nétanyahou et son ministre de l'Intérieur Gidéon Saar -- n'a pas été confirmée officiellement.

Elle était toutefois attendue, les médias israéliens ayant déjà révélé que M. Nétanyahou accompagnerait la libération du deuxième contingent de prisonniers palestiniens d'une autorisation de construction de centaines de logements dans les colonies pour amadouer les durs de sa majorité.

La semaine dernière, un haut responsable gouvernemental israélien avait affirmé jeudi à l'AFP sous le couvert de l'anonymat qu'Israël allait «continuer dans les prochains mois à annoncer des constructions dans les blocs de colonies et à Jérusalem», assurant que «les Américains et les Palestiniens étaient au courant à l'avance de cet arrangement».

Les dirigeants palestiniens ont depuis véhémentement nié avoir accepté la construction de nouveaux logements dans les colonies juives en échange de l'élargissement des prisonniers.

«Créer un lien entre la libération d'un nouveau groupe de prisonniers et l'annonce de milliers de logements dans les colonies va à l'encontre de tous les engagements pris avant les négociations», avait déclaré à l'AFP le négociateur Yasser Abed Rabbo.

Les négociateurs palestiniens affirment que la poursuite de la colonisation, qui avait déjà causé l'interruption des précédents pourparlers en septembre 2010, «détruit le processus de paix».