Le feu vert d'Israël à la libération de 26 détenus palestiniens avant les négociations de paix mercredi a été éclipsé par l'annonce de nouvelles constructions dans les colonies, condamné par les Palestiniens et jugé peu opportun par la communauté internationale.

Dimanche soir, une commission ministérielle israélienne a approuvé la libération de 26 détenus de longue date «à la suite de la décision du gouvernement de reprendre les pourparlers de paix avec les Palestiniens», selon un communiqué du bureau du premier ministre Benyamin Nétanyahou.

Ces prisonniers représentent un premier contingent sur les 104 promis par les Israéliens, qui doivent être libérés progressivement, en fonction de l'avancée des négociations.

Après trois ans de blocage et plus de six décennies d'un conflit historique, les négociations israélo-palestiniennes ont repris fin juillet à Washington et doivent se poursuivre mercredi à Jérusalem puis à Jéricho, en Cisjordanie.

«Nous espérons que ce sur quoi nous nous sommes mis d'accord sera exécuté (...). Nous espérons la libération de ces 104 prisonniers (...). L'accord entre nous, les Américains et les Israéliens, est clair. Tout changement voudrait dire que l'accord est rompu», a déclaré le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat lundi à la radio.

La plupart des 26 détenus, qui devraient être libérés avant mercredi matin, avaient été arrêtés pour le meurtre d'Israéliens ou de Palestiniens soupçonnés de collusion avec Israël.

Mais ce geste de bonne volonté a été éclipsé par l'annonce dimanche par Israël d'un appel d'offres pour la construction d'un millier de nouveaux logements dans des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

«Il est clair qu'en approuvant de nouvelles constructions trois jours avant la reprise des pourparlers, le gouvernement israélien tente de saboter les efforts de la communauté internationale et des États-Unis pour la reprise des négociations», a dénoncé le négociateur palestinien Mohammad Chtayyeh.

Washington a également regretté la démarche: «Ces annonces viennent à un moment particulièrement sensible et nous avons fait savoir au gouvernement israélien que nous étions sérieusement inquiets», a déclaré une porte-parole du département d'État, Marie Harf.

«Nous n'acceptons pas la légitimité de la poursuite de l'activité de colonisation», a-t-elle affirmé.

L'Union européenne a de son côté exhorté Israéliens et Palestiniens à «s'abstenir de toute démarche de nature à faire dérailler (les) négociations», selon les termes de Michael Mann, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Soulignant que les colonies en Cisjordanie étaient «illégales» au regard du droit international, M. Mann a ajouté qu'elles risquaient «de rendre impossible une solution à deux États».

L'ONU a également rappelé qu'elle considérait la colonisation en Cisjordanie comme illégale, tandis que la Russie s'est montrée encore plus critique, jugeant cette annonce «contre-productive».

Mais le gouvernement israélien n'a pas l'intention de renoncer. «Les constructions décidées à Jérusalem et dans les colonies sont situées sur des terrains qui resteront israéliens», a affirmé Mark Regev, un porte-parole de M. Nétanyahou.

M. Nétanyahou a de son côté critiqué les lignes directrices européennes publiées en juillet, qui disposent qu'à partir de 2014, tous les accords avec Israël portant sur une aide de l'UE devront spécifier qu'ils ne s'appliquent pas aux territoires occupés depuis 1967.

Elles ont «sapé la paix» dans la mesure où elles «ont durci les positions palestiniennes», a-t-il martelé.

Selon certains médias, l'annonce de ces constructions a été organisée pour calmer l'aile dure de la coalition dirigée par M. Nétanyahou, hostile à la libération de détenus palestiniens.

À l'instar d'Almagor, une association de victimes israéliennes qui a évoqué un «jour de fête pour les organisations terroristes», le ministre du Logement Uri Ariel, issu du parti nationaliste religieux Foyer juif, a critiqué ces élargissements.

«Ces terroristes qu'on libère ont tué des femmes et des enfants. Je ne comprends pas bien en quoi relâcher des prisonniers peut aider la paix», a-t-il dit.

Le mouvement Hamas, rival du Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, a pour sa part réitéré lundi son rejet des «futiles»négociations de paix, les considérant comme un moyen pour Israël «de faire bonne figure sur la scène internationale».