Le secrétaire d'État John Kerry a reporté une tournée au Proche-Orient, invoquant des réunions à la Maison-Blanche sur l'éventuel armement des rebelles en Syrie, au moment où les efforts diplomatiques américains sur les conflits israélo-palestinien et syrien semblent patiner.

La porte-parole du département d'État Jennifer Psaki a confirmé lundi que le «ministre serait à Washington cette semaine» au lieu de son «voyage prévu dans la région», en Israël, en Cisjordanie et en Jordanie.

«En tant que secrétaire d'État, il doit trouver l'équilibre entre les voyages à l'étranger et la diplomatie ici à Washington», a-t-elle justifié.

M. Kerry doit impérativement assister à des réunions à la Maison-Blanche consacrées à la dégradation de la situation en Syrie et à la question récurrente de l'armement des insurgés combattant les forces de Damas, ont expliqué des responsables américains.

Le président Barack Obama a demandé à son «équipe de sécurité nationale d'examiner toutes les options possibles qui nous permettraient de remplir nos objectifs pour aider l'opposition syrienne (...) et hâter une transition politique dans une Syrie de l'après Assad», a précisé Mme Psaki, martelant que «toutes les options, sauf celles de troupes au sol, sont sur la table».

Ces discussions à la Maison-Blanche n'ont toutefois rien d'«exceptionnel», a-t-elle assuré.

Le président Obama est sous pression d'élus républicains et de fonctionnaires de son propre camp pour armer la rébellion. Il s'est, jusqu'à présent, tenu à une aide conséquente -- mais non létale -- de 250 millions de dollars.

Et Washington a le plus grand mal à mettre sur pied sa conférence internationale de paix, dite Genève-2, initiée avec Moscou et l'ONU et devant réunir à une même table des représentants de Damas et de l'opposition.

«Nous continuons à travailler avec nos homologues pour programmer Genève-2. Mais le processus politique ne peut évidemment pas se dérouler dans le vide», a prévenu Mme Psaki, reconnaissant après des discussions ce week-end avec le N°1 de la rébellion syrienne, le général Salem Idris, que «la situation sur le terrain avait empiré».

Mais au Proche-Orient, la presse israélienne et des responsables palestiniens ont invoqué, eux, le risque d'impasse du processus de paix pour expliquer le report du cinquième voyage prévu de M. Kerry depuis le mois de mars.

D'après le quotidien Israel Hayom, proche du Premier ministre Benyamin Nétanyahou, le chef de la diplomatie américaine a repoussé sa visite «pour donner davantage de temps» au président palestinien Mahmoud Abbas pour renoncer à son exigence d'un gel de la colonisation.

M. Nétanyahou a d'ailleurs déclaré lundi que les «conditions» palestiniennes de reprise des pourparlers de paix avec Israël rendaient impossible tout retour à la table de négociations.

Pour renouer le dialogue, la direction palestinienne exige un gel total de la colonisation israélienne et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions.

M. Nétanyahou appelle à des négociations immédiates sans «conditions préalables», en allusion à ces revendications qu'il récuse.

«Il est clair que le gouvernement israélien dirigé par Nétanyahou fuit des négociations et une paix véritables en posant des conditions préalables à tout accord de paix, notamment le maintien de l'armée d'occupation israélienne sur le territoire de l'État palestinien occupés depuis 1967», a réagi auprès de l'AFP Nabil Abou Roudeina, conseiller du président Abbas.

M. Kerry avait averti l'allié israélien lundi dernier qu'il serait bientôt trop tard pour faire la paix avec les Palestiniens.

Le secrétaire d'État «a repoussé un voyage qu'il pourra faire probablement bientôt, j'en suis sûre», a défendu sa porte-parole.