Les Palestiniens ont annoncé samedi avoir accepté l'invitation de l'Élysée de se rendre à Paris pour relancer le processus de paix au Proche-Orient, alors que leur stratégie d'outrepasser les négociations pour plutôt demander la reconnaissance d'un État palestinien à l'ONU semble s'essouffler.

Nabil Abou Rdeneh, un conseiller du président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, a indiqué que les Palestiniens étaient prêts à venir à Paris et qu'ils attendaient désormais la réponse d'Israël et des États-Unis.

En visite à Ramallah, en Cisjordanie, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, avait invité jeudi les dirigeants israéliens et palestiniens à se rendre à Paris, dès le mois de juin, pour tenter de relancer le processus de paix. Il avait précisé que ces négociations se baseraient sur les frontières de l'État israélien avant 1967.

Israël, qui refuse catégoriquement d'accepter cette condition de négociations, n'a pas répondu à l'invitation de M. Juppé. L'État juif n'a pas non plus commenté samedi l'acceptation des Palestiniens, qui n'avaient pas de conditions à respecter en vue de la rencontre.

Les Palestiniens refusent de retourner à la table des négociations depuis plusieurs mois, en raison du refus d'Israël de suspendre la construction de colonies sur les territoires qu'ils réclament pour leur futur État.

Parallèlement, les Palestiniens se préparent à demander, à l'occasion de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, la reconnaissance d'un État palestinien et ce, avec ou sans accord de paix.

Les représentants palestiniens ont précisé qu'ils avaient peu d'espoirs que cette rencontre parisienne puisse relancer le processus de négociations. Interrompus fin 2008, les pourparlers de paix ont été brièvement relancés en septembre 2010, avant d'être à nouveau rompus sur la question des implantations israéliennes en Cisjordanie.

Jusqu'à présent, ce sont les États-Unis, et non l'Europe, qui menaient ces tentatives de négociations pour régler le conflit israélo-palestinien. La Maison-Blanche a reçu froidement l'initiative française, mais ne s'y est pas opposée publiquement.

Le porte-parole du département d'État, Mark Toner, a fait savoir vendredi que M. Juppé rencontrerait la secrétaire d'État Hillary Clinton lundi, à Washington.

«Mme Clinton a hâte de rencontrer M. Juppé et ils discuteront des moyens de faire avancer le dossier», a-t-il rapporté.

Il y a deux semaines, le président américain Barack Obama avait prononcé un important discours dans lequel il proposait de baser les négociations d'un accord de paix sur les frontières qui prévalaient avant la guerre des Six jours, monnayant un échange de territoires qui permettrait à Israël de conserver d'importants blocs de colonies de la Cisjordanie.

Israël avait conquis militairement Jérusalem Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza au terme de la guerre en 1967.

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a toutefois rejeté l'offre américaine, rétorquant qu'il s'agissait là de «frontières indéfendables».

Le fait que les Palestiniens aient accepté l'invitation de l'Hexagone pourrait être liée au fait que leur stratégie d'ignorer les négociations ne semble pas fonctionner à la hauteur de leurs espérances.

Le camp palestinien avait espéré pouvoir compter sur un appui croissant d'États de la communauté internationale quant à la reconnaissance d'un État palestinien et ce, sans qu'il y ait besoin d'un accord de paix avec Israël.

Un haut représentant de l'ONU avait toutefois affirmé la semaine dernière qu'il était impossible que les territoires palestiniens deviennent un État souverain sans le vote du Conseil de sécurité.

Les États-Unis ayant un droit de veto sur ce conseil, et M. Obama ayant déjà fait savoir qu'il en userait pour s'opposer à cette demande, la stratégie palestinienne était réduite à néant.