Lors d'un discours à Washington où il a placé les États-Unis dans le camp des manifestants pour la démocratie dans le monde arabe, hier, Barack Obama a suscité de vives réactions en soulevant la question controversée des frontières d'un futur État palestinien. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui sera reçu aujourd'hui à la Maison-Blanche, fait partie de ceux qui se sont opposés à la vision du président américain.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a déjà tenu des propos semblables sans soulever de vagues. Mais quand Barack Obama s'est prononcé pour la première fois hier en faveur d'un État palestinien fondé sur les frontières de 1967, les réactions négatives ne se sont pas fait attendre, tant aux États-Unis qu'en Israël.

«Les frontières d'Israël et de la Palestine devraient être fondées sur les lignes de 1967 avec des échanges sur lesquels les deux parties seraient d'accord, afin d'établir des frontières sûres et reconnues pour les deux États», a déclaré le président Barack Obama, profitant d'un discours majeur au département d'État américain sur le «printemps arabe» pour relancer les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.

Benyamin Nétanyahou a été l'un des premiers à s'opposer à la vision du président américain, écartant d'emblée tout retrait d'Israël aux frontières de 1967. Dans un communiqué officiel diffusé à la veille de sa visite à la Maison-Blanche, le premier ministre israélien a exprimé l'espoir que son hôte réaffirmera les engagements de son prédécesseur, George W. Bush, selon lesquels Israël «n'aurait pas à se retirer aux lignes indéfendables de juin 1967».

Retrait de l'armée

Ces lignes font référence aux frontières internationalement reconnues d'Israël avec la Cisjordanie, la bande de Gaza et le plateau du Golan. Les échanges de territoires dont le président américain a fait mention incluraient notamment des blocs de colonies juives en Cisjordanie.

Les Israéliens pourraient échanger des parties de leur territoire contre ces blocs. Cela étant dit, l'occupation de la Cisjordanie par l'armée israélienne doit prendre fin, a affirmé le président américain.

«Le retrait complet et graduel des forces militaires israéliennes devrait être coordonné dans l'idée d'une responsabilité de la sécurité palestinienne dans un État souverain et non militarisé», a déclaré Barack Obama.

Le président américain a tenu des propos susceptibles de déplaire également aux Palestiniens. Il les a notamment mis en garde contre leurs efforts visant à faire reconnaître par l'ONU en septembre un État palestinien comprenant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est.

«Des actes symboliques pour isoler Israël aux Nations unies» ne mèneront pas à «un État indépendant», a-t-il dit.

Fatah-Hamas

Le président a en outre sympathisé avec les inquiétudes israéliennes après la réconciliation du Fatah et du Hamas, les deux groupes palestiniens.

«Comment peut-on négocier avec un parti qui s'est montré réticent à reconnaître votre droit d'exister?», a-t-il demandé en faisant allusion au Hamas.

Plusieurs candidats présidentiels et parlementaires républicains ont critiqué la déclaration du président démocrate en faveur d'un État palestinien basé sur les frontières de 1967.

«Le président a poussé Israël sous l'autobus», a notamment déclaré l'ancien gouverneur du Massachusetts, Mitt Romney.

«Les peuples se sont dressés en exigeant leurs droits fondamentaux. Deux dirigeants ont quitté le pouvoir. D'autres pourraient suivre.» Dans son discours au département d'État, Barack Obama a fait un retour détaillé sur les bouleversements des derniers mois dans le monde arabe, promettant de soutenir les changements démocratiques dans ces pays et dénonçant ceux qui s'y opposent, de la Libye à la Syrie en passant par le Yémen et le Bahreïn. «Le peuple syrien a montré son courage en exigeant une transition vers la démocratie. Le président Assad est maintenant face à un choix. Il peut diriger la transition, ou s'écarter», a-t-il notamment déclaré. Le président Obama a évoqué au début de son discours la mort d'Oussama ben Laden, estimant que celle-ci représentait une bonne occasion de revoir l'approche des États-Unis vis-à-vis du monde arabe.