Les pays arabes ont rejeté mercredi toute reprise des négociations israélo-palestiniennes sans une «offre sérieuse» des États-Unis garantissant la fin du conflit, en annonçant leur intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU sur la colonisation juive.

Le chef de la Ligue arabe Amr Moussa a précisé que des «instructions à effet immédiat» avaient été données aux ambassadeurs arabes à New York pour demander la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur la question des colonies.

Ces annonces ont été faites à l'issue d'une réunion du comité de suivi du processus de paix au sein de la Ligue arabe, en présence du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

«Le comité a décidé que le processus des négociations était devenu inefficace et décidé de ne pas reprendre les négociations. La reprise des négociations est conditionnée à une offre sérieuse garantissant la fin du conflit israélo-arabe», a déclaré M. Moussa, lisant un communiqué au cours d'une conférence de presse.

Le texte ne précise pas de qui devrait venir l'offre, mais il s'agit tout vraisemblablement des États-Unis.

M. Abbas avait demandé une réunion d'urgence du comité afin de déterminer la marche à suivre après l'échec des États-Unis à obtenir d'Israël un gel de la colonisation en Cisjordanie occupée, une exigence des Palestiniens pour reprendre les négociations.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a proposé de reprendre des négociations «indirectes», exhortant les deux parties à s'attaquer «sans retard» aux questions de fond (frontières, réfugiés, Jérusalem).

Les négociations de paix directes avaient été relancées le 2 septembre à Washington après 20 mois de blocage. Elles ont été suspendues fin septembre en raison du refus israélien de prolonger un gel de la colonisation.

Le comité de suivi a aussi annoncé son intention de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour tenter d'obtenir une résolution ordonnant l'arrêt de la colonisation juive.

Il a été décidé «d'activer la décision du comité de suivi d'exposer la question de la colonisation israélienne de nouveau devant le Conseil de sécurité et d'otenir une résolution reconnaissant -entre autres- le caractère (...) illégal de cette activité et contraignant Israël à l'arrêter», selon le texte.

«Le comité demande aux États-Unis de ne pas entraver ces efforts», ajoute-t-il.

Le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al-Thani, qui préside le comité de suivi arabe, a estimé que «le médiateur américain a abandonné ses promesses et adopté le point de vue israélien».

«Nous savons qu'il y aura un veto américain (au Conseil de sécurité), mais ce veto ne nous empêchera pas d'aller au Conseil pour soumettre la question palestinienne, sous tous ses aspects, ou partiellement pour discuter des colonies», a-t-il dit.

Selon un responsable palestinien qui a requis l'anonymat, l'émissaire américain George Mitchell a proposé des discussions parallèles des négociateurs israéliens et palestiniens avec les États-Unis pendant six semaines, notamment sur les questions de sécurité.

M. Mitchell, qui a entamé lundi une nouvelle tournée régionale, s'est entretenu au Caire avec le président Hosni Moubarak, Amr Moussa ainsi que cheikh Hamad, après avoir vu M. Abbas à Ramallah et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem.

«Les parties ont indiqué qu'elles voulaient que les États-Unis poursuivent leurs efforts et dans les jours à venir nos discussions avec elles seront substantielles», a affirmé M. Mitchell.

À Gaza, le mouvement islamiste Hamas, hostile à toute négociation avec Israël, a estimé que la réunion arabe était «une couverture pour l'échec de l'Autorité palestinienne».