Les États-Unis ont abandonné l'idée d'obtenir un gel de la colonisation israélienne en Cisjordanie afin de relancer les négociations au Proche-Orient et vont désormais essayer de parvenir à la paix en se concentrant sur les «problèmes centraux» du conflit.

Cette nouvelle approche devrait être discutée la semaine prochaine au département d'État à Washington, où négociateurs israéliens et palestiniens sont attendus, a confirmé mardi le porte-parole du département d'État, Philip Crowley.

«Nous avons tenté de parvenir à un moratoire (de la colonisation) pour créer les conditions d'un retour à des négociations significatives et continues. Après des efforts considérables, nous sommes parvenus à la conclusion que cela ne crée pas de fondation solide pour parvenir à l'objectif commun d'un accord-cadre», a expliqué M. Crowley.

Le porte-parole a assuré qu'il ne s'agissait «pas d'un changement de stratégie». «Il pourrait bien s'agir d'un changement de tactique», a-t-il toutefois concédé.

Parvenir à un accord sur le «statut permanent», soit un règlement de paix définitif, «constituait notre objectif depuis le début et nous restons engagés à cet égard», avait auparavant indiqué à l'AFP un responsable de la Maison Blanche sous couvert de l'anonymat.

«Nous estimons que les deux parties se sont engagées à parvenir à une solution à deux États et à résoudre les problèmes centraux. Nous pensons qu'il est possible et nécessaire d'atteindre cet objectif», a-t-il assuré, soulignant que «les deux parties ont dit qu'elles voulaient que les États-Unis s'impliquent».

«Nous allons donc immédiatement parler avec les deux parties des questions concrètes des négociations», a-t-il conclu. Par «questions centrales» du conflit, les diplomates évoquent habituellement des sujets aussi épineux que le tracé des frontières, la question des réfugiés et le statut de Jérusalem.

Cette annonce est venue confirmer des informations des médias israéliens, qui avaient indiqué plus tôt mardi que les États-Unis avaient pris acte de leur incapacité de relancer les négociations par un gel de la colonisation et cherchaient une «autre voie» pour parvenir à leurs fins.

«L'administration américaine nous a informés qu'Israël n'avait pas accepté un moratoire sur la colonisation», avait en outre déclaré à l'AFP un haut responsable palestinien sous couvert de l'anonymat. Pour reprendre les négociations, les Palestiniens exigent un gel de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée et annexée.

Ce que Washington présente donc comme un «changement de tactique», refusant d'évoquer un échec pur et simple, intervient seulement trois mois après la relance solennelle des négociations directes par M. Obama lors d'un sommet à la Maison Blanche en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du président palestinien Mahmoud Abbas.

À l'époque, M. Obama, qui a fait de la résolution du conflit israélo-palestinien l'un des grands objectifs de son mandat, avait défini l'objectif de parvenir à une solution à deux États dans un délai d'un an.

Réagissant à ces nouveaux développements, l'ONG israélienne La Paix Maintenant a exhorté le gouvernement Obama à «montrer aux parties que faire obstruction aux efforts de paix doit avoir des conséquences».

Il faut que le président (...) redouble de pressions tant sur les Israéliens que sur les Palestiniens pour qu'ils prennent les mesures nécessaires pour la paix», a ajouté l'organisation.