Le gouvernement israélien examinait dimanche un nouveau gel de la colonisation en Cisjordanie, proposé par Washington en échange d'une alliance sécuritaire renforcée avec Israël, alors qu'une ONG israélienne fustigeait une accélération de la construction dans les colonies.

De retour d'une visite aux États-Unis, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a présenté au conseil des ministres une proposition américaine pour relancer des pourparlers de paix au point mort.

Selon une source israélienne autorisée, les Américains demandent un nouveau gel limité de la colonisation de 90 jours en Cisjordanie -mais pas à Jérusalem-Est annexée. En échange, ils seraient prêts à fournir une généreuse enveloppe de mesures de soutien politique et militaire à Israël.

«Nous n'avons eu aucune information officielle sur un gel dans les colonies de Cisjordanie», a réagi le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina.

Pour reprendre les discussion avec Israël, les Palestiniens exigent un arrêt total de la colonisation en Cisjordanie mais aussi à Jérusalem-Est, où ils veulent établir la capitale de leur futur État.

Selon les commentateurs israéliens, le parti Likoud de Benyamin Nétanyahou, principal pilier de la coalition gouvernementale, ne devrait pas s'opposer à la proposition américaine.

«Nétanyahou peut compter sur une majorité au gouvernement. Israël ne peut pas dire non aux Américains», a estimé Shimon Schiffer, éditorialiste du quotidien Yédiot Aharonot.

Mais plusieurs puissants alliés de Benyamin Nétanyahou, dont le chef de la diplomatie, l'ultra-nationaliste Avigdor Lieberman, et le ministre de l'Intérieur, Elie Yishaï, chef du parti religieux Shass, sont publiquement hostiles à un autre gel de la colonisation.

Le conseil représentatif des 300 000 colons de Cisjordanie a estimé que «la demande de renouveler le gel est un piège dans lequel Israël ne doit pas tomber».

Le gel envisagé concernerait tous les chantiers à venir ainsi que ceux qui ont débuté le 26 septembre, à l'expiration du précédent moratoire de 10 mois.

Dans un rapport publié dimanche, l'ONG israélienne La Paix Maintenant a fait état d'une vive accélération de la colonisation juive, rattrapant en six semaines le retard accumulé pendant les dix mois de gel limité. Les colons ont démarré la construction de 1649 logements et creusé les fondations de 1126 autres chantiers depuis le 26 septembre, selon l'ONG.

Selon la source israélienne, les États-Unis ont promis à Israël qu'à l'issue de ce nouveau gel, ils ne réclameraient pas de moratoire supplémentaire.

Jusqu'à présent, Benyamin Nétanyahou avait refusé toute extension d'un gel de la colonisation, ce qui a conduit au blocage des négociations de paix avec les Palestiniens, relancées le 2 septembre dernier sous l'égide des États-Unis.

Afin d'obtenir d'Israël un nouveau moratoire, les États-Unis se seraient engagés à imposer leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU à toute résolution anti-israélienne.

Face au blocage des négociations, le président palestinien Mahmoud Abbas a donné cette semaine instruction à son représentant aux Nations unies de réclamer une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur la colonisation.

Mais Israël a mis en garde contre toute mesure «unilatérale» à l'ONU.

Dans le cadre de son soutien à Israël, Washington s'opposerait aussi à toute tentative visant à empêcher Israël d'exercer son droit à l'auto-défense.

Toujours de source israélienne autorisée, l'administration Obama demanderait le feu vert du Congrès pour la livraison à Israël de 20 avions de combats F-35 d'une valeur de trois milliards de dollars.

Enfin, les États-Unis devraient conclure un accord de sécurité global d'une durée de dix ans avec Israël, parallèlement à la conclusion d'un accord de paix avec les Palestiniens, en vue de répondre à ses «besoins de sécurité».