Israël a approuvé lundi la construction de 1300 logements juifs dans le secteur à majorité arabe de Jérusalem, une décision qui a «profondément déçu» les États-Unis, où se trouve actuellement le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et critiquée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, a accusé M. Netanyahu d'être «déterminé à détruire les négociations» de paix, alors que le différend entre les deux parties sur la poursuite de la colonisation empêche la reprise des pourparlers relancés le 2 septembre sous l'égide de Washington.

«Nous espérions que Netanyahu allait aux Etats-Unis pour arrêter la colonisation et reprendre les négociations, mais il est clair pour nous que Netanyahu est déterminé à détruire les négociations. Il a fermé toutes les portes des négociations et nous le tenons pour responsable de leur destruction», a affirmé M. Erakat.

L'ONG israélienne anti-colonisation La Paix Maintenant a indiqué que la commission de planification du ministère de l'Intérieur avait approuvé la construction de 1300 logements.

Selon une porte-parole de La Paix Maintenant, Hagit Ofran, «trois nouveaux plans ont été publiés pour enquête publique».

La grande majorité des nouveaux logements (un millier) est située dans le quartier de colonisation juive de Har Homa, où résident plus de 7000 habitants, près de la ville palestinienne de Bethléem, a précisé la porte-parole.

«C'est une grosse provocation à un moment très sensible dans le processus de négociation», a déploré Mme Ofran, ajoutant: «Il semble que ce soit une tentative délibérée de Netanyahu de torpiller les négociations de paix».

Une porte-parole du ministère de l'Intérieur, Efrat Orbach, a affirmé à l'AFP que cette étape n'était que «l'une des toutes premières» d'un processus de construction qui ne devrait aboutir que «dans quelques années».

Le département d'État américain s'est dit «profondément déçu» de cette annonce, estimant qu'elle était «contre-productive vis-à-vis de (ses) efforts pour reprendre des négociations directes entre les parties».

M. Ban s'est de son côté dit «préoccupé par la reprise de constructions», a déclaré un porte-parole après la rencontre entre les deux dirigeants.

A La Nouvelle-Orléans (Louisiane), M. Netanyahu a assuré qu'Israël «ne se  fera pas dicter» sa position.

Durant sa visite aux Etats-Unis, il doit aussi rencontrer le vice-président Joe Biden et, jeudi à New York, la secrétaire d'État Hillary Clinton, avec laquelle le sujet de Jérusalem-Est sera abordé.

Le 15 octobre, le ministère israélien de l'Habitat avait lancé des appels d'offres -- un stade nettement plus avancé dans la procédure -- pour la construction de 238 logements dans deux autres quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, Ramot et Pisgat Zeev. Quelque 320 nouveaux logements doivent être bâtis à Ramot, selon La Paix Maintenant.

Il s'agissait des premiers appels d'offres depuis la fin, le 26 septembre, du moratoire de dix mois portant sur les nouvelles constructions dans les colonies de Cisjordanie, qui a marqué l'interruption des pourparlers de paix.

Ce gel partiel n'avait cependant jamais concerné Jérusalem-Est.

L'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas réclame pour reprendre les négociations un nouveau moratoire sur la colonisation, auquel se refuse jusqu'à présent le gouvernement israélien.

Israël, qui a proclamé l'ensemble de Jérusalem sa capitale «éternelle et indivisible», estime que les quartiers de colonisation font partie intégrante de son territoire, alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat.

La communauté internationale considère que la question de Jérusalem doit être traitée dans le cadre d'un règlement de paix final entre Israéliens et Palestiniens. Elle a appelé les deux parties à s'abstenir de toute action «unilatérale».