Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a appelé Mahmoud Abbas à poursuivre les négociations de paix au terme du moratoire sur la colonisation, dimanche à minuit, mais le chef palestinien continue de réclamer un gel des constructions, demande appuyée par Washington.

«Je lance un appel au président Abbas pour qu'il continue à mener les pourparlers bons et honnêtes que nous venons de lancer pour tenter de parvenir à un accord de paix historique entre nos deux peuples», a affirmé M. Nétanyahou dans un communiqué publié peu après minuit local (18h, heure de Montréal).

Le communiqué n'a fait aucune mention de l'expiration du moratoire de dix mois, décrété le 25 novembre dernier, mais M. Nétanyahou avait déjà exclu de le prolonger en dépit des appels du président américain Barack Obama et de la communauté internationale.

Dans le cadre de contacts diplomatiques «intensifs», M. Netanyahu s'est entretenu ces dernières heures avec la secrétaire d'État Hillary Clinton, des membres de l'adminitration américaine, le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdallah II de Jordanie, selon le communiqué.

Côté palestinien, le président Mahmoud Abbas, en visite à Paris, a répété dimanche que les négociations de paix seraient «une perte de temps» si Israël ne maintenait pas son moratoire sur la colonisation.

«Abou Mazen (surnom de M. Abbas) veut continuer les négociations mais Nétanyahou doit prendre la décision de geler la colonisation afin de créer une atmosphère favorable à la poursuite du processus de paix et à la réussite des discussions», a déclaré à l'AFP son porte-parole, Nabil Abou Roudeina.

M. Abbas avait auparavant annoncé que la Ligue arabe tiendrait le 4 octobre, à sa demande, une réunion sur la poursuite des négociations.

Les chantiers devaient redémarrer dans les implantations juives de Cisjordanie occupée à l'expiration du moratoire tandis que les efforts diplomatiques se poursuivaient pour tenter de sauver les négociations de paix.

L'administration américaine, en particulier, n'a pas relâché sa pression pour empêcher l'effondrement prématuré des pourparlers israélo-palestiniens, moins d'un mois après leur lancement à Washington.

À l'issue du moratoire, elle a réitéré sa demandé à Israël de maintenir le gel de la construction, soulignant que la position américaine à ce sujet n'a «pas changé».

«Nous restons en contact étroit avec les deux parties et nous allons les rencontrer à nouveau dans les prochains jours», a précisé le porte-parole du département d'État, PJ Crowley.

«Nous restons concentrés sur l'objectif de faire progresser les négociations vers une solution à deux États (israélien et palestinien) et nous encourageons les parties à faire des gestes constructifs dans ce sens», a-t-il ajouté.

Israël, qui s'est dit disposé à un «compromis agréé par toutes les parties», a signifié que le gel des nouvelles constructions dans les colonies ne serait pas reconduit tel quel.

M. Nétanyahou a toutefois appelé les colons à «faire preuve de retenue et de responsabilité».

«Nous revenons à la normale et à la construction mais nous respecterons la demande du Premier ministre», a répondu David Haivri, président du conseil régional de Samarie (nord de la Cisjordanie).

Sans même attendre l'expiration officielle du moratoire, des militants de la colonisation ont symboliquement repris la construction afin de célébrer la fin du gel.

«La mission du sionisme est de construire sur la terre d'Israël et nous allons reprendre cette mission dès ce soir», a affirmé Danny Dayan, le dirigeant de Yesha, la principale organisation des colons de Cisjordanie, lors d'une manifestation dans l'implantations de Revava (nord de la Cisjordanie).

«Le gel est fini», s'est réjoui Danny Danon, membre de l'aile ultra du parti Likoud de M. Nétanyahou.

Selon la radio publique, les mises en chantier de plus de 1500 logements, ayant obtenu tous les permis nécessaires des autorités israéliennes, peuvent commencer «immédiatement».