Un arbre centenaire déraciné qui bloque la rue Beacon, l'une des artères principales du centre-ville. Le métro qui ne fonctionne pas. Des magasins fermés et protégés par des poches de sable. Même si leur ville a évité le pire, les Bostonais se rappelleront de la visite d'Irene.

À midi, au plus fort de la pluie et des vents, les rues du centre-ville étaient désertes, à l'exception des taxis et de quelques aventuriers. Parmi eux, Paula, munie d'un traditionnel manteau de pluie jaune et de son calme. Une déformation professionnelle explique cette psychologue dans une clinique de traumatologie. «J'habite Boston depuis 30 ans et je n'ai jamais vu la ville aussi déserte, dit-elle. Personne ne court dans les rues, c'est pour dire! Je pense que les gens paniquent pour rien. Moi, je suis restée calme, peut-être à cause de mon métier...»

Ouragan ou pas, certains mordus de yoga n'allaient pas rater leur cours. «J'étais plutôt surprise de voir ma classe pleine ce matin», dit Jill Koont, professeure de yoga et copropriétaire de Bikram Yoga Boston, qui a toutefois annulé ses cours pour le reste de la journée qu'elle passera tranquillement à l'intérieur. «Je ne suis pas inquiète, car il n'arrive jamais rien à Boston quand il y a une tempête», dit-elle.

Vrai, Irene a frappé beaucoup moins fort à Boston qu'à New York. Mais les vents, qui ont atteint jusqu'à 70 kilomètres à l'heure en milieu de journée avant de se calmer, ont tout de même eu raison de plusieurs arbres du parc Boston Common, dont un qui s'est écrasé sur la rue Beacon au pied du consulat de la Grèce. Environ 500 000 foyers ont perdu l'électricité dans l'État du Massachussetts, qui en compte environ 2,5 millions. Malgré tout, la Ville de Boston n'a pas eu à ouvrir des refuges pour ses citoyens. «Nous continuons d'évaluer la situation, mais nous n'avons pas de raison d'ouvrir des refuges pour l'instant», a dit Christopher Loh, porte-parole du maire Thomas Menino.

Après une journée d'interruption, les Bostonais retrouveront ce matin leur célèbre métro, le «T». Une réouverture qui fera le bonheur de plusieurs touristes, dont plusieurs rongeaient leur frein dans les lobbys d'hôtel en attendant qu'Irene se calme hier en fin d'après-midi. «Nous sommes Australiens, alors des tempêtes comme celle-là, nous en vivons régulièrement», dit Mary Paffume, qui profite de cinq semaines de vacances aux États-Unis avec son mari et sa fille.

Phil Greewing, lui, était davantage préoccupé par ses billets pour le concert de la chanteuse Stevie Nicks (Fleetwood Mac) ce soir à Boston que par la météo. À sa décharge, il est venu expressément d'Angleterre pour voir sa chanteuse préférée. «Je ne sais pas si le concert aura lieu, mais je vais laisser passer la tempête», dit-il.