Dans un gymnase de la ville New Brunswick au New Jersey, deux cents lits de camp ont été installés pour des habitants de la côte Est américaine évacués en raison de l'ouragan. «C'est bien ici. Mais ce qui nous attend en rentrant, c'est la grande inquiétude», soupire un homme.

Épaules basses, la tête penchée vers l'avant, Jimmy Farrell, 50 ans, semble écrasé de fatigue.

«Cela a été une longue journée», raconte-t-il. «J'ai été évacué d'Atlantic City, j'ai une maison là-bas. On nous a demandé de nous lever à six heures vendredi matin. Depuis, on a passé notre temps dans le bus. La nuit dernière, on a pas dormi».

Trimbalé de refuge en refuge, il a fini par arriver dans ce gymnase, propriété de l'université de Rutgers, à New Brunswick, dans le New Jersey, à plus de 150 km au nord de sa maison.

Des hommes de la Garde nationale américaine et la police locale assurent la sécurité --1.500 soldats de la Garde nationale et de l'armée de l'air ont été déployés pour aider à évacuer les habitants--, la Croix Rouge américaine s'occupe de l'organisation.

Dans la grande salle de sport, quelque deux cents lits de camp ont été installés. Les réfugiés attendent ici, pendant que l'ouragan Irene se déchaîne sur le littoral américain.

Irene a commencé à toucher les côtes américaines samedi à 12H00 GMT au niveau du Cap Lookout en Caroline du Nord, avant de repartir vers l'océan le long des côtes de Virginie, du Maryland et du New Jersey. Il a retouché terre près d'Atlantic City, dans le New Jersey, dimanche à 10H00 GMT.

L'ouragan a déjà fait 9 morts et entraîné l'évacuation de près de deux millions de personnes vivant près des côtes, dont la moitié dans le New Jersey.

Plus de 8000 vols ont été annulés et de vastes coupures de courant ont paralysé au moins un million d'habitants.

Samedi à 18H00 GMT, les autorités recensaient 5300 personnes installées dans des refuges.

Dans le gymnase de New Brunswick, une jeune femme dort, à demi couverte par un plaid qu'elle a emporté avec elle. Un peu plus loin, une fillette fait de grands clins d'oeil à qui veut bien lui adresser un sourire.

Le confort est spartiate, mais l'endroit ne manque pas de raffinement: les murs de l'entrée du gymnase sont couverts de boiseries sculptées arborant les trophées gagnés par les sportifs de l'université.

«Ces personnes ont été évacuées d'Atlantic City en raison de l'ouragan, parce qu'ici, le risque d'inondation est moindre», explique Rebecca Smith-Casey, de la Croix Rouge américaine.

«Ici, ils sont en sécurité, jusqu'à ce que la tempête passe. Après ils pourront rentrer chez eux, peut-être pas demain (dimanche), mais lundi ou mardi», en fonction des aléas de la météo.

«Nous leur fournissons des repas, et une assistance médicale d'urgence si nécessaire», ajoute-t-elle.

Samedi soir, les deux cents personnes du gymnase ont mangé chaud, de la pizza. «Pour demain (dimanche) matin, on a prévu des repas à base de pain, des bagels, qu'on n'a pas besoin de cuire», pour parer à une éventuelle coupure de courant, indique Joan Smith, une autre membre de la Croix Rouge.

Leur sécurité garantie pour au moins quelques jours, les évacués songent avec angoisse au retour. À leurs maisons qui ont essuyé des rafales de vent à plus de 120 km/h, si elles n'ont pas été inondées par les pluies torrentielles qui s'abattent sur la côte.

«J'habite à quatre ou cinq pâtés de maisons de la mer. On ne sait pas à quoi ça va ressembler quand on rentrera à Ocean City, après la tempête et la montée du niveau de la mer», dit Michael Walters, 53 ans, accompagné de sa femme et leurs deux filles. «Et si on rentre, on n'est même pas sûr qu'il y ait de l'électricité».

Le gouverneur du New Jersey, Chris Christie, a prévenu que des inondations pourraient également toucher l'intérieur des terres, à cause de rivières en crue, prévoyant de nouvelles évacuations si nécessaire.

Le président américain Barack Obama a déclaré l'état d'urgence pour le New Jersey, ouvrant la voie à une aide fédérale aux efforts locaux.