Il est temps pour le Canada et l'ensemble de la communauté internationale d'emboîter le pas aux groupes de la société civile qui boycottent les produits israéliens afin de régler une fois pour toutes un conflit qui semble insoluble, comme paraissait l'être celui de l'apartheid sud-africain, estime une professeure de science politique de l'Université Laval.

Selon Diane Lamoureux, «le conflit israélo-palestinien pourrit depuis plus de 60 ans dans une indifférence de plus en plus marquée», et malgré cela, «l'injustice ne disparaît pas du fait de sa durée».

C'est donc une solution politique à la question palestinienne qui s'impose, a-t-elle plaidé dans une lettre ouverte publiée lundi dans Le Devoir.

Elle établit un parallèle entre ce qu'elle qualifie de «discriminations persistantes» envers la population palestinienne à l'intérieur des frontières d'Israël et celles dont ont été victimes les Noirs en Afrique du Sud pendant les décennies qu'a régné le régime de l'apartheid.

Pour mettre fin à ce système politique basé sur la ségrégation raciale, la communauté internationale avait isolé l'Afrique du Sud en excluant ses représentants des rendez-vous internationaux et en imposant une série de sanctions dans les années 1980. Le Canada a été l'un des chefs de file de cette opération.

Mais partir de la prémisse que les Palestiniens se trouvent dans une situation d'apartheid est «complètement fallacieux», selon David Ouellette, directeur associé aux affaires publiques du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA).

En entrevue avec La Presse Canadienne, lundi, il a fait valoir que la ségrégation raciale n'existe «tout simplement pas» en Israël, où des Arabes israéliens siègent à la Cour suprême, laquelle a récemment condamné à la prison un ancien président israélien reconnu coupable de viol, Moshé Katzav.

Ottawa a déjà laissé entendre par l'entremise de l'un de ses plus importants ministres qu'il ne cautionnait pas le mouvement de boycottage.

Dans la foulée d'un mini-scandale impliquant l'actrice Scarlett Johansson, qui s'était associée à une marque de machines à boissons gazeuses dont l'usine se trouve dans une colonie juive de Cisjordanie, le ministre Jason Kenney avait publié en février, sur Twitter, une photo de l'une de ces machines qu'il disait avoir achetée pour son bureau.